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k. 
« C’est de mon ami, il ne dit rien comme les autres. A Vienne, 
il vend des céréales. Je ne le vois jamais. Il m’a pour stabiliser 
sa situation Là-bas et faire enrager sa femme qui l’épousa pour son 
argent. » Je n’ai pas le désir de connaître si elle ment, je joue 
avec sa cheville qui perd et retrouve une mule de satin. Moi, 
pour répondre à ces confidences « je ne me baigne jamais deux 
fois dans le même fleuve et je fais Dieu à ma mesure ». Elle tend 
ses bras et se penche pour cueillir une fleur si tôt, dit-elle, mois 
sonnée. 
On ne lui connaît pas d’amants. L’hiver dernier, elle refusa 
les offres d’un lieutenant de dragons, qui au concours hippique 
sautait tous les obstacles, d’un jeune homme reçu premier à 
Normale-Sciences, d’un fils, qui dépensait l’or par son père 
dans les épices gagné, en maintenant l’élégance du geste et la 
pureté de la ligne. L’un partit de désespoir au cœur de l’Afrique 
où des hommes noirs le mangèrent. La longue et fragile brune 
aux seins courts et hauts, qui au Français créa avec tant de succès 
« Il était une bergère », lui envoya longtemps en vain des choco 
lats à la liqueur. 
« Elle joue la femme fatale. Et par des « noblesse oblige » 
prolonge ce passé dans son présent. Le jeu en est dangereux et 
elle risque à ce prix de ne jamais cueillir les roses de la vie », me 
dit Mathias quand d’elle je l’entretiens. Pour moi, je crois qu’il 
n’y a là qu’une femme sans tempérament. 
Le jeudi, elle emprunte à sa femme de chambre une robe 
simple et s’en va à confesse dans une petite église du quartier 
Passy. Elle y savoure trois quarts d’heure le rôle d’une petite 
bourgeoise et s’accuse d’avoir trop confectionné,par gourmandise, 
de confitures de coing, ou de s’être impatientée quand le petit 
dernier cassa le vase-anniversaire. « Jésus, lui dit le prêtre, tomba 
plusieurs fois sous sa croix. » Elle était venue d’abord pour se 
moquer, puis la bonté simple des prêtres la désarma. Peu à peu 
elle a pris l’habitude d’un vieil abbé qu’elle retrouve chaque 
semaine. Ils se sont découvert une passion commune : une col 
lection de timbres. Maintenant dans le confessionnal, ils dis 
cutent triangulaire du Cap et millésime jubilé. Naturellement 
Lucienne, qui, très lancée, ne manque jamais une soirée d’Aragon 
un garden-party de Georges Gabory, ment. Mais elle a l’impres 
sion de faire l’aumône à plus riche qu’elle et cette idée, écrit- 
elle à une amie intime, lui « chatouille l’estomac ».
	        
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