L’ŒUF DUR — U
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D’insipides faix m’ont courbé
Contre un sein puissant que, tombé,
Ma bouche vierge a baisé :
Une neuve vigueur soulève
Tout ce qui est en moi de sève
Vers de forts, d’épuisants baisers!
Un souffle arrache qui me lie ;
Mon âme est d’espérance emplie 1
J’ai souffert l’incessant garrot;
Mais je le disperse en fumée ;
Et depuis que je l’ai humée
Je veux étouffer mes bourreaux.
Mon âme n’est plus une église
Masque mourant qui me déguise.
Mes yeux clos sur nulle lumière,
Rosée, pleurs qui baignez mes plages,
Dure folie qui me saccages,
Inquiétude coutumière
De mes aïeux, cruel ferment !
Serais-je encor ton pâle amant ?
Lys mort ! L’air agite mes voiles !
Des printemps inquiétants me hèlent,
Et j’aspire au sort que décèle
La conjuration des étoiles !