Volltext: Der Sturm (13 (1922), 4)

60 
soiree que nous avons donnee au Theätre 
de l’Oeuvre, on interpretait la Premiere 
Aventure Celeste de M. Antipyrine, de 
Tristan Tzara. Une charmante chanteuse 
terminait la chose par Chanson triste, de 
Duparc. On vocifera bien pendant l’Aven- 
ture Celeste, mais supporter la melodie fut 
impossible; on ne laissa pas chanter Mlle 
Hania Routchine. Celle-ci, attristee, disait: 
ils ne savent pas que c’est du Duparc. Sa- 
voir ou ne pas savoir, le public avait ab- 
sorbe de l’ipeca pendant une heure: Dada 
etait passe par lä. C’est un autre effet que 
celui d’Hegel. 
D’autre part, l’unique affirmation de la 
destruction est aussi une affirmation — et 
qui prend un romantique caractere de 
diabolisme. Detruire jusqu’ä la destruction 
etait necessaire. C’est pour cela que nous 
aussi pouvons faire des oeuvres d’art. II 
ne s’agit pas lä de la maniere hebrai'que 
qui ne detruit tout que pour pouvoir re- 
construire le Temple de Jerusalem — Dieu 
n’existe pas, c’est pourquoi on peut dire 
que Dieu existe. 
Que la masse se rassure. II ne s’agit pas 
de dommages materiels. La vie est tres 
agreable avec la chaleur, la nourriture et 
le palpable de l’amour. Nous ne sommes 
que contre Dieu. Contre Dieu sous toutes 
ses formes. Non, Dieu n’est pas Dieu. 
Vinci n’est pas Dieu, ni Cezanne, ni Renoir, 
ni Guillaume II, ni Monsieur le President 
de^ la Republique, ni Picasso, ni moi, ni 
toi, ni lui. 
Nous sommes tout prets ä abandonner les 
magnifiques acquisitions de la pensee qui 
ont porte l’idiotie humaine ä un si haut 
point. II n’y a pas de verite, il n’y a pas 
ä en avoir. Nous avons renonce ä vous 
apprendre quelque chose. Nous pouvons 
vous dire la bonne aventure; cela est aussi 
sain que de vous faire sentir notre sueur. 
Quand on viole une petite fille, on Ja casse. 
N’ayez pas peur, votre virginite etait une 
bulle de savon. Quand on viole une vi- 
eille« femme, eile demande l’heure qu’il 
est. Pourquoi demandez-vous loujours 
l’heure qu’il est? 
II est tout ä fait l’heure que vous voulez. 
Vous etes sensibles ä l’emotion esthetique. 
Nous la repudions et des qu’elle apparait, 
le plus lache d’entre nous trempe le bout 
de son nez dans la crotte de perroquet. 
Ce qui importe c’est certain residu des 
mots et des images. Nous ne sommes pas 
les maitres de ce residu. Ce titre appar- 
tient au public. Ce que pense de nos 
oeuvres le public, nous nous en moquons. 
Et ce que nous en pensons nous-memes.... 
. . . . Nous savons oü tout se precipite des 
bue finit le plaisir du palais. 
* 
On peut apporter certaines precisions sur 
les opinions des Dada'istes ä l’egard de ce 
qui les entoure. Ils ne tiennent pour se- 
rieuse et veridique aucune opinion humaine. 
II n’y a pas de verite quelle qu’elle soit. 
Cela les libere de tout respect envers Scien 
ce, art et philosophie. D’ailleurs ils ne 
respectent rien. Les gens qui respectent 
tout les traitent de petits polissons — c’est 
d’etre traites d’idiots par les dits po 
lissons. — 
Si les Dada'istes en usent ainsi avec les 
allumeurs de becs de gaz qui sont ä la 
tete, au coeur ou ä la queue de la pensee 
officielle, officieuse, conservatrice ou revo- 
lutionnaire, c’est qu’ils savent ä quoi s’en 
tenir sur les becs de gaz, et la maniere de 
faire de beaux eclairages. 
Tout le gaz reparti ä l’esprit vient de 
quelques axiomes primordiaux absolument 
indispensables. 
Ces axiomes les Dadaistes refusent d’en 
prendre livraison — quitte pour le plaisir 
ä utiliser quelques consequences — la non 
verite etant traitee sur le meme pied que 
la verite. 
Ils refusent de croire ä I + I et I. Soit ä 
l’identite. Un et un ne font deux que 
lorsqu’on le veut bien. II n’y a pas d’ob- 
jets identiques. 
Ainsi choit la causalite. Toute la logique 
repose sur l’identite d’effets produits par 
la meme cause. S’il n’y a pas de causes 
identiques, on ne peut plus compter sur 
la fatalite d’effets prevus. 
On peut concevoir des logiques tout autres 
que la notre. Supposez la notion des faits 
que nous aurions en nous en eloignant 
avec une vitesse plus grande que celle de 
la lumiere, et vous avez un nouvel enchai- 
nement de faits aussi fatal que le notre. 
On peut donc aussi bien supprimer toute 
fatalite, et supposer une suite d’objets sans 
relation de cause ä effet.
	        
Waiting...

Nutzerhinweis

Sehr geehrte Benutzerin, sehr geehrter Benutzer,

aufgrund der aktuellen Entwicklungen in der Webtechnologie, die im Goobi viewer verwendet wird, unterstützt die Software den von Ihnen verwendeten Browser nicht mehr.

Bitte benutzen Sie einen der folgenden Browser, um diese Seite korrekt darstellen zu können.

Vielen Dank für Ihr Verständnis.