Volltext: Ça ira (4 = 1920, juillet)

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ÇA IRA ! 
Et puisqu’il faut, si l'on veut être un cœur fertile, 
lutter jusqu’au sommet des âmes idéales ; 
puisqu’il faut, pas à pas, perdre l’espoir, 
défendu jusqu’au souffle dernier ; 
puisqu’il faut s’opposer aux désastres, 
et proclamer la paix des camarades bons ; 
puisqu'il faut, <— tâche noble et sacrifice fou — 
boire la coupe jusqu’au fond, sans répugnance ; 
nous sommes las des vents adverses, 
nous sommes las de geindre trop, 
nous sommes las, nous sommes morts ! 
Cette idée a surgi dans nos cœurs éprouvés : 
partir, et mépriser les efforts inutiles, 
supporter le grouillant affront des foules 
et montrer nos mains maigres, 
nos bras tremblants, et nos fronts pâles. 
Notre devoir est accompli ; mais nous tombons, 
inanimés comme des mouches prisonnières ; 
mais nous cognons nos volontés enthousiastes 
au recul déroutant des horizons ; 
mais nous n’avons plus le courage patient 
et nous cachons notre faiblesse aux indiscrets. 
Pourquoi les trains ne vont-ils pas jusqu’en enfer, 
emportant nos ardeurs et nos regrets ? 
III. 
Tu m’observes avec des yeux désabusés. 
J’ai tenté, cependant, de plaire à tes vingt ans, 
et si mon geste brusque a troublé ton visage, 
je m’en repens avec amour, et te souris. 
IV. 
Sans toi, la ville est vide et ne m’attire pas. 
Tu ne m’as pas tendu tes bras familiers ; 
tu provoquas, par ton silence, ma douleur, 
et j'appelle la nuit pour m’y perdre et gémir.
	        
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