Volltext: Ça ira (4 = 1920, juillet)

ÇA IRA ! 
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Et le Vainqueur jeta son arme, 
— son arme ? — sa croix... 
Et le Vaincu, avec des larmes 
effaçait le sang de ses doigts... 
Et le Vainqueur, les trous des yeux comblés d’aurore, 
offrait son bras... 
Et le Vaincu, tendant son poing couronné d’or 
disait : “ Là-bas... „ 
Et les morts 
autour d’eux étaient déjà la terre... 
Et la lumière 
montait encore... Charles PLISNIER. 
Conte pour jeune fille 
Au fond de ma cassette, j’ai retrouvé 
la fleur de tilleul. 
Te souviens-tu, Jeanne, de cette fleur 
de tilleul ? 
Nous étions allés dans le parc, et, au 
bord de l’étang, nous avions causé. Les 
deux grands cygnes, hautains et distants, 
nous méprisaient de loin ; quelques 
libellules curieuses frémissaient jusque 
dans nos cœurs. 
Ta main avait cherché la mienne ; mes 
lèvres avaient pris les tiennes. Nous 
nous étions aimés, dans la fraîcheur de 
ce beau soir. 
Nos pas égaux foulaient l’herbe rare 
sans y laisser de traces. Près de la grotte 
— tu te souviens, de la petite grotte, 
avec ses lierres et le petit kiosque qui 
la couronnait ? — près de la grotte, nous 
avions frémi : son entrée noire tentait. 
Lentement, nous avions contourné 
les sapins ; leurs racines moussues nous 
faisaient glisser. Les champs entonnaient 
leur grand silence. Des sons d’angelus 
passèrent. Nous nous étions rapprochés 
de la grand’route, sans y prendre garde. 
Et quelques voix de paysans nous arri 
vèrent, qui se saluaient d'un cordial et 
grave : " Bonsoir, et la compagnie ! „ 
Puis, l’étroit sentier, où nous allions 
tous deux ensemble, serrés l’un contre 
l'autre, nous avait ramenés aux saules de 
l’étang. De ta raquette, tu avais taquiné 
un nénuphar. 
Nous avions entendu les bêlements 
d’un troupeau qu’on changeait de parc, 
les cris du berger et les furieux aboie 
ments du chien. 
Tes yeux humides cherchaient les 
miens ; tes petites dents souriaient et 
voulaient mordre doucement... 
La cloche du dîner nous réveilla 
soudain. 
En passant près du tilleul — tu te sou 
viens du grand tilleul, tout seul, au bord 
de l’allée jaune ? — en passant près du 
tilleul, tu avais saisi au vol une fleur qui 
en tombait. Tu avais respiré cette fleur 
et tu me l’avais donnée. 
Je l’ai retrouvée ce soir... et comme 
j’ai un rhume, je l’ai mise dans mon thé. 
Henri MOERS.
	        
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