Volltext: Ça ira (2 = 1920, mai)

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ÇA IRA ! 
morts ; ceux que la victoire ou la défaite 
aveuglent ; ceux que le luxe happe 
ignoblement ; ceux qui propagent, à 
Taise, la haine des races contre les 
races. Les morts sont tombés pour 
assurer la justice et le droit. La justice 
et le droit sont la paix et la paix est 
T amour. Nous chérissons nos père et 
mère ; nous léguons notre sang à nos 
fils ; nous tenons à nos paysages ; mais 
l'Univers est à l’humanité, et ces affec 
tions individuelles ne peuvent pas dimi 
nuer notre amour du prochain. 
Cette passion, qui calme nos âmes, a 
été approuvée par les voix françaises 
que nous présente “ le Sablier „. Ils 
sont quelques uns ; cette élite nous 
suffit. 
Lisons. 
Notre ami René Arcos* dont je citai 
deux vers remarquables. 
Georges Bannerot* un mort, “ dont 
les poèmes exhalent un parfum de 
France rustique „. 
Banville d'HosteL 
L* Charles Baudouin, avec deux 
belles pièces : Un cri des entrailles 
profondes. Œil pour œil, dent pour 
dent. 
Mon enfant, mon enfant, si je savais que la guerre 
un jour ou l’autre te prendra, 
j’aimerais mieux tout de suite t’étouffer dans mes bras. 
mais ce cri de la mère douloureuse est seul vrai, 
parce qu’il sort de la chair encore déchirée, 
parce qu’il est la voix de la vie créatrice, 
de l’éternelle et féconde matrice 
qui nie et qui renie la mort. 
Joseph Billiet* 
Loïs Cendré s’adresse aux poètes : 
Et vous, ô poètes mes frères, ô les plus manqués des 
prêtres !, 
Devant cet univers livide, vous chantez encore votre 
table et votre lit, les murs de votre chambre, vos 
digestions, vos amours, 
Au lieu d’allumer une torche immense pour réveiller 
au fond du ciel aveugle les étoiles de Dieu. 
Chennevière* dans la tranchée, se 
renferme en lui t 
Celui-ci mourra dès ce soir, et celui-là 
Ne mourra pas, mais son voisin sera tué. 
Les autres attendront leur tour, car le destin 
Et la mort, son amie, auront belle besogne. 
Le massacre est prévu, compté, réglé d’avance, 
Pour cent mètres de terre et de la gloire en mots. 
•Ils sont passés. Il en vient d’autres. Tout se mêle 
A la nuit sans étoiles où souffrent des éclairs. 
, La mort les imprègne déjà, pareille à l’huile 
Qui monte dans la mèche et n’attend que le feu ; 
Et quand ils sentiront le sol sous leurs semelles, 
Hors du cahotement qui confondait leurs corps, 
Ils se détacheront l’un de l’autre, et chacun, 
Se réveillant au poids du sac et du fusil, 
Songera qu’il est homme, et qu’il s’en va, ce soir, 
Vers un bourreau rageant de n’avoir qu’à choisir ! 
Duhamel* esprit clair, nous offre sa 
poignante Ballade de Florentin Prunier. 
Edouard Dujardin envoie un dur 
reproche aux Allemands. 
Luc Durtain a un “ sourire de 
blessé „. Il se jure 
De ne jamais frapper même 
Ses deux mains l’une dans l’autre, 
Pour les garder toujours prêtes 
A se tendre secourables. 
Louis de Gonzague-Frick se con 
fine dans la poésie. 
Jouve est grand. Il est blessé profon 
dément. Son lyrisme est large et ses 
paroles inquiètent. 
On verra les vieux morts tronqués 
Monter la garde imaginaire 
Sur la terre de leurs boyaux, 
Attendant leur liberté. 
Marc Larreguy de Civrieux* mort 
à Verdun, engage à l’oubli et réclame 
la paix pour les morts. 
Marcel Martinet s’adresse aux 
jeunes d’Allemagne. Aussi, le tragique 
poème : Ce quai.... 
Sous les feuilles mortes, séchées, pourries 
Que le vent d’octobre entasse aux fossés, 
Pourris dans leur lit de feuilles rougies, 
Les cadavres froids de vos bien-aimés. 
Claude Roger Marx a des accents 
touchants.
	        
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