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en parlent comme s’il ne s’agissait que
d’elle. Van den Bergh van Eysinga,
avec bien d’autres penseurs libres, a
recherché l’esprit. Sa théologie rejette
les dogmes sans vie des religions exis
tantes, mais il en a saisi le sens éternel.
Et c’est cet esprit : l’amour, l’amour
absolu, qui forme la théologie révolu
tionnaire. “ Men kan zeggen, dat God
Lie(de is. En Hij is de hoogste liefde „.
(page 62). “ Mogen wij echter wel
getuigen van God ? Is dit woord niet
ontlouterd, is het niet vervlochten met
avontuurlijke begrippen ? Spreken wij
liever van het Goddelijke, noemen wij
het brandpunt, dat wet en norm, dat
een en ailes is, het oneindige, eeuwige
Zelf. „ (page 63). Et ce divin, cet infini
et éternel, se retrouvent dans le limité
et le temporaire qu’est l’homme. “ De
hoogere mensch, die als creatuur ten
spel was aan de waereld, hij is thans, in
een nieuw leven,boven de verscheuring
uit, hij is als wijze, als heilige, als kuns-
tenaar vergeestelijkt, zich van z’n diepste
Zelf bewust geworden „ (page 65).
Nous renonçons pour le moment à
parler du rôle que nous croyons que la
religion occupera dans une société
communiste. Cela nous mènerait trop
loin. Mais nous nous réservons le droit
d’y revenir un jour.
Ce que van den Bergh van Eysinga
appelle religiosité est le sentiment que
nous avons tous d’être des moments
fugitifs d’une réalité (werkelijkheid) éter
nelle ; que le fait d’être moment, nous
fait limités et imparfaits, et que la per
fection — que nous pouvons atteindre
en l’Idée — appartient à l’Infini, à Dieu.
Dieu est la projection vers l’Infini de
notre être limité, la perfection de notre
imperfection. Et comme nous sommes
les réalités, Dieu est l’idéalité — qui
n’est pas, mais qui peut et doit être
pensée dans la vérité de l’idée, dans
l’idée de la vérité.
*
* *
Toute époque se crée sa morale, son
éthique. C’est-à-dire que la moyenne
des nécessités sociales de la classe diri
geante, codifiée par l’habitude, devient
la règle. Par l’habitude ; c’est sur ce
lent devenir que pèse l’accent. Des
principes lentement s’édifient, de protec
tion mutuelle, ou plutôt de convention
mutuelle de ne pas se nuire (ouverte
ment). L’éthique met en système (par
après ; elle constate, mais ne crée pas)
ce qui, à la majorité des hommes, paraît
bon et nécessaire dans leurs rapports
entre eux. Seuls les systèmes de morale
qui furent la codification de règles exis
tantes ont eu de la durée ; les autres
qui furent théoriques, qui indiquèrent
comment devraient être la vie et les
relations des hommes ne se sont jamais
réalisés, mais sont restés de beaux rêves.
Deux exemples : la morale juive, celle
du Pentateuque : ne tue pas, ne vole
pas, ne convoite pas les biens ni la
femme de ton voisin, etc., et puis cet
ultime précepte de l’humainement pos
sible : aime ton prochain comme toi-
même, (Lev. 19,18) a conquis le monde.
Car elle fut une morale à posteriori.
Elle assembla les préceptes régnant
dans une communauté au sens religieux
très développé et qui s’y étaient formés
peu à peu. Et la morale chrétienne : ne
résiste pas aux méchants (Matt. 5, 39),
aime tes ennemis (id. 5, 44) est une
morale qui n’étant pas la constatation
de principes existants, mais un désir de