Volltext: Ça ira (6 = 1920, septembre)

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ÇA IRA ! 
signes étrangers, avec la naïve qui ima 
gine que les violences de demain vont 
créer la bonté d'après-demain. Dans nul 
avenir — ou à lointain qu’il se confond 
avec le rêve — dans nul avenir un peu 
saisissable et précis, nous ne voyons 
sourire le destin. Ceux qui comme Jouve, 
regardent sans illusion 
...porteront en eux 
Le désespoir qui n’a plus de rives, 
Mais qu’ils aient la force de Jouve : ils 
feront éclore d'eux même et étaleront 
...sur les eaux lugubres 
Deux grandes ailes d’amour et de vie 
Nous avons renoncé 
Au sortir de ces enfers, 
Tandis que l’humanité fait son somme 
Avant les enfers suivants, 
nous avons renoncé aux mensonges de 
tous les paradis extérieurs, Mais cha 
cun de nous se veut une limite à l’enfer, 
folie multiforme. Toujours, grâce à quel 
ques cœurs et à quelques raisons, Caris, 
la Grâce, l'Amitié, l’Amour, l’Harmonie, 
survivera aux coups répétés du destin. 
Tant que nous vivrons nous protégerons 
la flamme que d’autres nous ont léguées, 
que d’autres garderont après nous. Elle 
est immortelle, comme le destin son enne 
mi. Mais elle recule, aussi farouche, de 
vant les armées rouges ou devant les 
armées blanches ou tricolores ; et elle 
fuit le viol des multitudes inorganiques 
comme le rut des régiments. La virgi 
nité de notre âme sans haine échappera 
au baiser sanglant des révolutions cata 
strophiques comme elle a échappé au 
baiser boueux de la guerre. 
Vous vous rappelez, lecteurs du N° 
de mai de “ Ça Ira „ : 
Vois une autre haîne s’approche, 
Elle porte le droit des pauvres, 
Elle veut le prendre en ses bras. 
O mon âme, tu sais de quel côté est 
la justice. Tu sais aussi que demain, 
sauf au sanctuaire que tu es et au sanc 
tuaire de quelques âmes fraternelles, il 
n’y aura nulle part parmi les violences 
hurlantes, ni droit ni justice 
O mon âme d'amour, : 
Ton regard n’aime pas les révolutions 
Car tu te tiens bien plus avant dans l’Eternel 
O mon âme d’harmonie. 
Tu as des yeux pour enfermer la ligne entière 
Pacifique du ciel 
De quelle pitié tu les aimes, ceux-là 
qui sont écrasés aujourd'hui et cruelle 
ment enchaînés. Hélas ! pour la plupart 
les chaînes dont les chargent leurs enne 
mis sont faites de chaînes intérieures. 
Demain tu vas les voir, qui sait ? déli 
vrés en apparence. Ils expriment direc 
tement au dehors leur servitude la plus 
profonde. Tu le sais, ils n’auront pas la 
sagesse de laisser tomber sur le sol leurs 
fers brisés. Ils les brandiront, gestes 
furieux et qui frappent. Ils deviendront, 
devenant des meurtriers, semblables aux 
assassins qu’aujourd'hui ils maudissent 
avec toi. 
Tu les aimes avec crainte, o mon âme 
de justice, tant que leur geste dort dans 
l’incertitude du futur. Tu souffres leur 
souffrance. Souvent tu essaies d'ennoblir 
leurs espoirs. Mais tu recules bientôt, 
car leurs espérances refusent de répudier 
haine et vengeance. Tu les voudrais 
pour compagnons, 
Mais tu ne peux descendre 
Si bas dans la clarté 
Que tu sois mise en rang 
Un fusil au poing
	        
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