Volltext: Ça ira (6 = 1920, septembre)

ÇA IRA ! 
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Ceux qui, comme la France Blanche, 
l'Angleterre officielle, et les pauvres 
Belgiques qui meublent les coins du con 
tinent n'ont pas même l’idée d’un pro 
gramme, sont enchaînés par l'évènement 
polonais (dont ils sont responsables) et 
ils oscillent misérablement entre une 
fermeté illusoire, et la nécessité d'une 
capitulation. Entrainés par cet évène 
ment polonais, ils sont jetés contre la 
réalité européenne, où l’un après l’autre 
ils se briseront le front. 
On peut dire la même chose de 
la Tchéco-Slovaquie. En renforçant, 
toutefois, les conclusions ainsi que les 
prémisses le permettent. Car la Tchéco 
slovaquie ne correspond même pas à 
une survivance sentimentale. Elle pro 
cède du désir hystérique des vainqueurs 
de dépecer les vaincus, et s’est créée 
avec la complicité d’un certain nombre 
de sujets de l’ancienne monarchie dua 
liste, qui ne cachaient pas leur joie de 
passer au moment de la défaite, du camp 
de ces vaincus de qui le sort n'était 
enviable à aucun point de vue, dans celui 
de ces vainqueurs de qui la puissance 
semblait être un page de tranquillité. 
Cette double crise permit à l’Etat nou 
veau de réunir dans ses frontières des 
populations de toutes les espèces, de 
toutes les races, et dont aucun lien logi 
que ou historique n’excusait la réunion 
sous une même enseigne. Quelques 
millions de Tchèques, quelques centai 
nes de mille Slovaques, et une majorité 
d’Allemands, de Ruthènes, de Polonais 
et de Hongrois forment ainsi un vaste 
cirque de rivalités et de haines où 
l’Europe contractera bien des crises et 
trouvera bien des déboires. La Tchéco 
slovaquie apparaît comme le type le plus 
achevé de l'évènement politique, tourné 
tout entier et âprement contre la réalité. 
Elle aura, selon toutes vraisemblances, 
le sort de ces vastes empires dont les 
historiens nous rapportent, avec le nom 
le récit d’une existence souffreteuse, et 
dont l’histoire n’a rien retenu, — parce 
qu’aucune parcelle de la civilisation n'a 
trouvé chez eux sa naissance et qu’ils 
ne sont responsables d'aucune acqui 
sition positive dans le domaine de la 
culture ou de la sagesse. Il n’existe pas 
de Tcheco-Slovaquie, — réellement, 
“réalistement,,. Mais dans l’illusion d'en 
créer, une et l’espoir d’arriver à leurs 
fins actuelles, quelques Etats sans vrais 
gouvernements, ou plutôt quelques 
gouvernements sans lucidité, sans pro 
gramme, ont adopté l’évènement Tché 
co-Slovaquie et se laissent follement 
guider par lui. 
Il n'est cependant pas difficile de se 
rendre compte dans l’Europe d'aujourd’ 
hui, de la force — et l’aspect — d'un 
Etat, d'une nation qui existe en réalité, 
— même contre l’avis des maîtres du 
monde et le cours des évènements. Et 
nul besoin n'est de remonter au traité 
de Vienne pour en avoir des exemples. 
Il suffît de voir l’Irlande. Ce n’est pas 
seulement par la liberté d’esprit de ses 
poètes ou par les protestations de ses 
députés que l’Irlande a, durant des 
siècles, prouvé la réalité de son exi 
stence. Celle-ci a éclaté, éclate de toutes 
parts, dans toutes les manifestations de 
la vie publique et jusque dans l’atmos 
phère dans laquelle son peuple apprend 
à penser et à sentir et cherche la force 
d’affirmer les droits essentiels de son 
indépendance. Si un mouvement comme 
le Sinn-Fein n'avait été qu’une attitude,
	        
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