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L’on voit que cette poésie, tout en ayant de lointaines accoin
tances avec la poésie des “Ultraïstes,, espagnols, n'en garde pas
moins une originalité profonde et s’affirme comme un art vraiment
moderne.
Et je termine cette courte notice avec la conviction d’avoir été
fort incomplet. Mais j’ai tâché d’appeler l’attention sur ces poètes
d’Espagne, qui sont si peu et si mal connus, et qui vraiment méritent
mieux que l'oubli où les laisse l’incurie des lettrés pour les littéra
tures de l’étranger. Jacques LOTHAIRE.
Une Plastique nouvelle en Hollande
Notes en vue d’une meilleure compréhension
de l’Art ultra-moderne de Hollande.
C’est grâce aux privilèges exceptionnels d’un pays neutre, que
pendant la guerre de 1914-18, la Hollande se trouva dans les cir
constances favorables à une sérieuse étude de l’art, ainsi qu’à la
réalisation logique des vues nouvelles. Ceux de nos artistes qui
séjournaient dans de grandes villes étrangères comme Paris, Londres,
New-York, etc. rentrèrent au pays, non point pour se battre, mais
pour s’y consacrer entièrement à l’expression soit de leur personna
lité esthétique individuelle, soit de celle de la collectivité. D’autre
part, il y eut des artistes français, allemands et belges qui vinrent
chercher un refuge en Hollande. Ces contingences spéciales eurent
pour conséquence l’éclosion d’une espèce de vie artistique interna
tionale qui, dans le conflit de ses actions et réactions, sut, non seule
ment trouver la force nécessaire à son maintien mais encore le ferment
régénérateur de sa puissance productrice.
A Amsterdam, Leiden, Rotterdam se formèrent des groupes :
“De Anderen,, (Théo V. Doesburg) ; “Het Signaal,, (Le Fauconnier) ;
“De Moderne Kunstkring,, (Kickert) et “De Branding,, (Laurens van
Kuik„ — qui, chacun selon sa méthode propre, menèrent la lutte,
soit en faveur de l'expressionnisme, soit en faveur du cubisme, soit
en faveur de combinaisons de ces deux tendances.
Cependant les éléments les plus sérieux ne tardèrent pas à se
séparer de ces groupes, tandis que, demeurés à l’écart, un petit nombre
d’isolés n'attendaient que le moment propice où leur œuvre serait
arrivée à maturité pour prendre contact les uns avec les autres.