Volltext: Ça ira (18 = 1922, mai)

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l'ouragan de folie 1914-1918; ses artistes ont pu profiter du calme 
relatif pour préparer le terrain de la littérature d'après-guerre. D’un 
autre côté, le lyrisme a peut-être souffert de ce calme, et malgré tout 
le mal qu’il faut dire de la guerre, Ton doit bien avouer aussi qu’elle 
exerce une influence capitale sur la formation des personnalités fortes : 
Cendrars, P. J. Jouve, Drieu la Rochelle en portent l’empreinte, 
encore que l’influence ait été, chez tous trois bien diverse. Et c’est 
sans doute l’une des raisons pour lesquelles on ne rencontre pas en 
Espagne la même intensité de lyrisme qu’en France. 
Ce fut le poète Guillermo de Torre qui, le premier, dans son mani 
feste ultraïste "Vertical,, donne une forme concrète au mouvement 
moderniste. Manifeste sans théories étroitement établies, laissant à 
tout artiste sa personnalité propre, mais lançant un appel à quiconque 
sent enfin la nécessité de faire naître une beauté nouvelle, de créer 
un art moderne. Guillermo de Torre lui-même a prêché d’exemple, et 
est, certes, l’artiste le plus divers, le plus universel de la jeune littéra 
ture espagnole. Nous avons publié ici-même (1) un de ses poèmes, 
qui n’a mis en évidence que l’une des phases de son beau talent. En 
voici une autre dans cet extrait où il caractérise Chariot d’une manière 
vraiment saisissante : 
Fantoche caricatural 
Le mécanisme de ses mouvements 
logarithmise l’équation photogénique 
Jeu rythmique 
des gestes et regards confluant 
vers le summum de la grâce pure — 
Un autre mérite, et non des moindres, de Guillermo de Torre, c’est 
de faire connaître dans la Péninsule, par une collaboration intensive 
à toutes les jeunes revues, les divers mouvements modernistes 
d’Europe. Il est singulièrement bien au courant de la littérature 
française nouvelle, et c’est certes à lui que doit revenir le mérite 
d’avoir fait le plus pour faire connaître en Espagne les grands poètes 
français actuels : Apollinaire, Cendrars, Cocteau, Sauvage. 
Contrairement à ce qui est le cas en France, la nouvelle littérature 
espagnole a produit peu d'œuvres jusqu’ici : elle vit surtout dans 
quelques jeunes revues, et sans doute les dures conditions de librairie 
de l’heure actuelle empêchent les auteurs de publier leurs œuvres. 
Des revues plus imposantes, telle Cosmopolis dont Guillermo de Torre 
(1) Voir “Ça-Ira„ numéro 17.
	        
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