— 8 —
prouver, ô moribonds des maremmes perverses ! moins de
résistance et de courage, encore. Avec ma voix et ma solennité
des grands jours, je te rappelle dans mes foyers déserts, glorieux
espoir. Viens t'asseoir à mes côtés, enveloppé du manteau des
illusions, sur le trépied raisonnable des apaisements. Comme
un meuble de rebut, je t'ai chassé de ma demeure, avec un
fouet aux cordes de scorpions. Si tu souhaites que je sois per
suadé que tu as oublié, en revenant chez moi, les chagrins que,
sous l'indice des repentirs, je l'ai causés autrefois, crebleu,
ramène alors avec toi, cortège sublime — souienez-moi, je
m'évanouis ! — les vertus offensées et leurs impérissables
redressements.
Je constate, avec amertume, qu'il ne reste plus que quelques
gouttes de sang dans les artères de nos époques phtisiques. Depuis
les pleurnicheries odieuses et spéciales, brevetées sous garantie
d'un point de repère, des Jean-Jacques Rousseau, des Cha
teaubriand et des nourrices en pantalon aux poupons Ober-
mann, à travers les autres poètes qui se sont vautrés dans le
limon impur, jusqu'au songe de Jean-Paul, le suicide de Dolo-
rès de Veiniemilla, le corbeau d'Allan, la Comédie Infernale
du Polonais, les yeux sanguinaires de Zorilla, et l'immortel
cancer, Une Charogne, que peignit autrefois, avec amour,
l'amant morbide de la Vénus holtenlote, les douleurs invrai
semblables que ce siècle s'est créées à lui-même, dans leur voulu
monotone et dégoûtant, l'ont rendu poitrinaire. Larves absor
bantes dans leurs engourdissements insupportables !
Allez, la musique.
Oui, bonnes gens, c'est moi qui vous ordonne de brûler, sur
une pelle, rougie au feu, avec un peu de sucre jaune, le canard
du doute, aux lèvres de vermouth, qui, répandant, dans une lutte
mélancolique entre le bien et le mal, des larmes qui ne viennent
pas du cœur, sans machine pneumatique, fait, partout, le vide
universel. C'est ce que vous avez de mieux à faire.
Le désespoir, se nourrissant avec un parti pris, de ses fan
tasmagories, conduit imperturbablement le lilléraleur à l'abro
gation en masse des lois divines et sociales, et à la méchanceté
théorique et pratique. En un mot, fait prédominer le derrière
humain dans les raisonnements. Allez, et passez-moi le mot !
L'on devient méchant, je le répète, et les yeux prennent la teinte
des condamnés à mort. Je ne retirerai pas ce que j'avance. Je