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Soumis à l’unique canon
De cet esprit changeant qui sable
Aux quinquets d’un temps haïssable
Le champagne clair du canon
Chantent deux mots panégyrique
Du beau ravisseur de secrets
Que répète l’écho lyrique
Sur la tombe Mille regrets
Où dort dans un tuf mercenaire
Mon sade Orphée Apollinaire
LOUIS ARAGON.
LA PSYCHOLOGIE DE STENDHAL
par M. H. Delacroix (Alcan).
De lui-même Stendhal a tout dit : l’existence qu’il a vécue,
celles qui lui ont échappé, celles qu’il a refusées, celles qui
se sont approchées de lui et qu’il a réalisées par son esprit. Aussi
depuis soixante-dix ans n’a-t-on fait que redire ses analyses et
ses jugements de soi-même; les livres publiés sur lui sont des
transcriptions où la nouveauté consiste en quelques contes de
bonne femme, des comptes de cuisinière, et bien de la niai
serie. Feu M. Paupe disait : « Il faut bien le faire connaître au
public. » Il appelait cette tâche de la « vulgarisation ». Il avait
raison. Lui, MM. Chuquet, Cordier, de Mitty et Striyensky y
ont particulièrement réussi (1). | |
Point M. Delacroix : son livre est clair, intelligent et ardu.
Bien qu’il ne contienne aucun fait nouveau, et que sur cer
tains faits anciennement connus il me semble mal informé (2),
il ne paraît ni oiseux, ni inutile. Stendhal, par un double
mouvement de son esprit, n’a cessé d’analyser son caractère
selon la méthode des idéologues et de le reconstruire dans
(1) Que d’autres ne soient pas offensés si je ne les nomme pas, j’ai
pensé à eux.
(2) Par exemple sur le rôle de la « Comtesse Palfy » dans la vie de
Stendhal, qui fut considérable.