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des couronnes pour la jeunesse, des croyances à l'immor
talité pour les vieillards.
J'ai vu les hommes lasser les moralistes à découvrir
leur cœur, faire répandre sur eux la bénédiction d'en haut.
Ils émettaient des méditations aussi vastes que possible,
réjouissaient l'auteur de nos félicités. Ils respectaient l'en
fance, la vieillesse, ce qui respire comme ce qui ne respire
pas, rendaient hommage à la femme, consacraient à la
pudeur les parties que le corps se réserve de nommer. Le
firmament, dont j'admets la beauté, la terre, image de mon
cœur, furent invoqués par moi, afin de me désigner un
homme qui ne se crût pas bon. Le spectacle de ce monstre,
s'il eût été réalisé, ne m'aurait pas fait mourir d'étonne
ment : on meurt à plus. Tout cec'i se passe de commen
taires.
La raison, le, sentiment se conseillent, se suppléent. Qui
conque ne connaît qu'un des deux, en renonçant à l'autre,
se prive de la totalité des secours qui nous ont été accordés
pour nous conduire. Vauvenargues a dit « se prive^d'une
puntie des secours. »
Quoique sa phrase, la mienne reposent sur les person
nifications de l'âme dans le sentiment, la raison, celle que
je choisirais au hasard ne serait pas meilleure que l'autre,
si je les avais faites. L'une ne) peut pas être rejetée par moi.
L'autre a pu être acceptée de Vauvenargues.
Lorsqu'un prédécesseur emploie au bien un mot qui
appartient au mal, il est dangereux que sa phrase subsiste
à côté de l'autre. Il vaut mieux laisser au mot la significa
tion du mal. Pour employer au bien un mot qui appartient
au mal, il faut en avoir le droit. Celui qui emploie au mal
les mots qui appartiennent au bien ne le possède pas. Il
n'est, pas cru. Personne ne voudrait se servir de la cravate
de Gérard de Nerval.
L'âme étant, une, l'on peut introduire dans le discours
la sensibilité, l'intelligence, la volonté, la raison, l'imagina
tion, la mémoire.
J'avais passé beaucoup de temps dans l'étude des scien
ces abstraites. Le peu de gens arec qui on communique
n'était pas fait pour m'en dégoûter. Quand j'ai commencé
l'étude de l'homme, j'ai vu que ces sciences lui sont pro
pres, que je sortais moins de ma condition en y pénétrant
que les autres en les ignorant. Je leur ai pardonné de ne
s'y point appliquer ! Je' ne crus pas trouver beaucoup de