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moins fructueuse. Je m’en désintéressais complètement. Dans le même ordre d’idées
j’avais été conduit à donner toutes mes préférences à des récits de rêves que pour
leur épargner semblable stylisation je voulais sténographiques. Le malheur était
que cette nouvelle épreuve réclamât le secours de la mémoire, celle-ci profondé
ment défaillante et, d’une façon générale, sujette à caution. La question ne sem-
blait guère devoir avancer, faute surtout de documents nombreux et caractéris
tiques. C’est pourquoi je n’attendais plus grand’chose de ce côté au moment où
s’est offerte une troisième solution du problème (je crois bien qu’il ne reste qu’à la
déchiffrer), solution où interviennent un nombre infiniment moins considérable de
causes d’erreur, solution par suite des plus palpitantes. On en jugera à ce fait
qu’après dix jours, les plus blasés, les plus sûrs d’entre nous, demeurent con
fondus, tremblants de reconnaissance et de peur, autant dire ont perdu contenance
devant la merveille.
Il y a une quinzaine de jours, à son retour de vacances, René Crevel nous
entretint d’un commencement d’initiation « spirite » dont il était redevable à une
dame D... Cette personne, ayant distingué en lui de qualités médiumniques
particulières, lui avait enseigné le moyen de les développer et c’est ainsi que, dans
les conditions requises pour la production de ce genre de phénomènes (obscurité et
silence de la pièce, « chaîne » des mains autour de la table) il nous apprit qu’il
parvenait rapidement à s’endormir et à proférer des paroles s’organisant en dis
cours plus ou moins cohérent auquel venaient mettre fin en temps voulu les passes
du réveil. Il va sans dire qu’à aucun moment, du jour où nous avons consenti à
nous prêter à ces expériences, nous n’avons adopté le point de vue spirite. En ce
qui me concerne je me refuse formellement à admettre qu’une communication
quelconque existe entre les-vivants et les morts.
Le lundi 25 septembre, à neuf heures du soir, en présence de Desnos, Morise et
moi, Crevel entre dans le sommeil hynotique et prononce une sorte de plaidoyer
ou de réquisitoire dont il n’a pas été pris note (diction déclamatoire, entrecoupée de
soupirs, allant parfois jusqu’au chant, insistance sur certains mots, passage rapide
sur d’autres, prolongement infini de quelques finales, débit dramatique, il est ques
tion d’une femme accusée d’avoir tué son mari et dont la culpabilité est contestée
du fait qu’elle a agi à la requête de ce dernier). Au réveil Crevel ne garde aucun
souvenir de son récit. On l’exclut de l’expérience suivante, entreprise à sa partici
pation près, dans les mêmes conditions. Aucun résultat immédiat. Au bout d’un
quart d’heure, Desnos qui se tenait pour le plus impropre à offrir de telles manifes
tations, fortifié qu’il était dans cette opinion par l’échec qu’en ma compagnie il
avait infligé quelques jours auparavant à deux magnétiseurs publics, MM. Donato
et Benevol, laisse tomber la tête sur son bras et se met à gratter convulsivement