Volltext: Littérature (4 (1922), 6)

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moins fructueuse. Je m’en désintéressais complètement. Dans le même ordre d’idées 
j’avais été conduit à donner toutes mes préférences à des récits de rêves que pour 
leur épargner semblable stylisation je voulais sténographiques. Le malheur était 
que cette nouvelle épreuve réclamât le secours de la mémoire, celle-ci profondé 
ment défaillante et, d’une façon générale, sujette à caution. La question ne sem- 
blait guère devoir avancer, faute surtout de documents nombreux et caractéris 
tiques. C’est pourquoi je n’attendais plus grand’chose de ce côté au moment où 
s’est offerte une troisième solution du problème (je crois bien qu’il ne reste qu’à la 
déchiffrer), solution où interviennent un nombre infiniment moins considérable de 
causes d’erreur, solution par suite des plus palpitantes. On en jugera à ce fait 
qu’après dix jours, les plus blasés, les plus sûrs d’entre nous, demeurent con 
fondus, tremblants de reconnaissance et de peur, autant dire ont perdu contenance 
devant la merveille. 
Il y a une quinzaine de jours, à son retour de vacances, René Crevel nous 
entretint d’un commencement d’initiation « spirite » dont il était redevable à une 
dame D... Cette personne, ayant distingué en lui de qualités médiumniques 
particulières, lui avait enseigné le moyen de les développer et c’est ainsi que, dans 
les conditions requises pour la production de ce genre de phénomènes (obscurité et 
silence de la pièce, « chaîne » des mains autour de la table) il nous apprit qu’il 
parvenait rapidement à s’endormir et à proférer des paroles s’organisant en dis 
cours plus ou moins cohérent auquel venaient mettre fin en temps voulu les passes 
du réveil. Il va sans dire qu’à aucun moment, du jour où nous avons consenti à 
nous prêter à ces expériences, nous n’avons adopté le point de vue spirite. En ce 
qui me concerne je me refuse formellement à admettre qu’une communication 
quelconque existe entre les-vivants et les morts. 
Le lundi 25 septembre, à neuf heures du soir, en présence de Desnos, Morise et 
moi, Crevel entre dans le sommeil hynotique et prononce une sorte de plaidoyer 
ou de réquisitoire dont il n’a pas été pris note (diction déclamatoire, entrecoupée de 
soupirs, allant parfois jusqu’au chant, insistance sur certains mots, passage rapide 
sur d’autres, prolongement infini de quelques finales, débit dramatique, il est ques 
tion d’une femme accusée d’avoir tué son mari et dont la culpabilité est contestée 
du fait qu’elle a agi à la requête de ce dernier). Au réveil Crevel ne garde aucun 
souvenir de son récit. On l’exclut de l’expérience suivante, entreprise à sa partici 
pation près, dans les mêmes conditions. Aucun résultat immédiat. Au bout d’un 
quart d’heure, Desnos qui se tenait pour le plus impropre à offrir de telles manifes 
tations, fortifié qu’il était dans cette opinion par l’échec qu’en ma compagnie il 
avait infligé quelques jours auparavant à deux magnétiseurs publics, MM. Donato 
et Benevol, laisse tomber la tête sur son bras et se met à gratter convulsivement
	        
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