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les grands bars aux femmes pailletées, la modiste du village
perdu dans les prairies, les voleurs de bétail et les vachers
aux jambes de fourrure, toute la danse de l’Ouest sur l’écran
presqu’aussi beau que la vie. Du mirage occidental qu’il reste
peu dans les contes d’O. Henry ! C’est à peine si vers la fin
du livre quelques mauvais garçons se dressent au-dessus de
leurs chevaux, debout dans leurs étriers, pour crier la joie
de tuer sans raison. Le plus souvent quels pitoyables aven
turiers se mêlent à ce petit monde de pasteurs, de juges, de
logeuses et de noceurs conventionnels qui s’agitent suivant
la morale niaise des films sentimentaux. Qu’aurait écrit
Maupassant s’il avait eu l’accent américain?
LOUIS ARAGON.
LES SPECTACLES
Le Prix du Conseil Municipal.
Les mains tremblantes des joueurs et le sourire des snobs
réjouissent les pick-pockets qui savent gagner leur pain à la
sueur de leur front. Les chiffres volent sur cette pelouse. Dans
ces grandes minutes, les villes sont oubliées, les cartons verts
sont plus lointains que les nuages. Chaque homme, en enten
dant le galop des chevaux, se sent l’âme d’un assassin.
Le tumulte et le calme naissent aussi brusquement.
Les chevaux que l’on sort des écrins au bon moment sont
des monstres charmants. Mais le plus beau fut assurément ce
gros homme qui fumait un cigare et qui attendait très grave
ment le soir. 11 pensait au lendemain qui sera tellement sem
blable à aujourd’hui.
11 y a les cocktails, les taxis et les fleurs artificielles.
Il y a les cigares, les chaînes de montre et les réverbères.
« Voici le temps des assassins ».
Aux courses on sent la vieillesse morose s’approcher. Bien
tôt nous n’aurons plus vingt ans et nous ne comprendrons
plus la beauté des crépuscules ou des pourritures qui fleuris
sent dans les ruisseaux.