—
i.
21
M. MAX MAUREY
Directeur du Théâtre des Variétés
Pourquoi écrivez-vous? me demandez-vous.
C’est la question que .je me pose toutes les fois que j’ai écrit
une pièce.
MAX MAUREY.
M. OCTAVE UZANNE
Pourquoi j’écris?
Je n’ai jamais eu à me le demander, car j’ai toujours obéi à
cette ardente impulsion passionnelle qui est peut-être la vocation.
En outre j’estime que la seule récompense de la vie intellec
tuelle réside dans le labeur de la pensée et dans toutes les
ivresses et immunités des maux vulgaires que confère l’auto
suggestion de l’action cérébrale. Le reste : succès publics, hon
neurs, glorioles ne vaut pas la peine d’être sollicité. Il y a dans
la combustion des idées un retour de flamme qui suffit à réchauffer
toute une vie de bénédictin de lettres. Ceux qui demandent autre
chose à la société ne sont pas dignes d’exercer un apostolat pour
ainsi dire religieux et mystique qui paie largement ses dévots.
Et dire qu’il y a des écrivains qui veulent se réunir à la G. G. T.
OCTAVE UZAJVME.
M. FERNAND GREGH
... Voici, je ne suis plus maintenant qu’un rêveur
Qui veut en mots confus balbutier son rêve,
Qui veut rythmer les bruits passagers de son cœur
Non plus pour qu’on l’admire et pour qu’on l’applaudisse :
— La gloire est le beau nom doré de l’injustice
Et le plus valeureux n’est pas toujours vainqueur; —
Mais parce qu’à jamais il sent un instinct vague
De se chanter pour lui son âme, un sourd dépit
D’y faire varier l’heure, pour le plaisir,
Comme une femme fait chatoyer un bague,
Et puis pour que plus tard aussi quand il mourra,
Il laisse un peu de lui dans quelque strophe austère,
Et que l’on sache un jour qu’il fut jadis sur terre
Un pauvre homme pareil aux autres, qui pleura.
FERAAAD GREGH.
Reprise, dans l’Or des minutes, page 43. —1905