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nouveaux. Je plaignais la fille publique qu’ils
nommaient Vénus par habitude et l’exempt qu’ils
rimaient par piété Gabriel.
Dans leur domaine propre, à la limite des connais
sances scientifiques récemment découvertes, non en
deçà, non au-delà, nos ancêtres avaient leur
merveilleux. Sans doute l’ont-ils méconnu.
Il nous importe que du nôtre bien plus puissant
nous tirions tout le plaisir et toute la beauté qu’il
entre cache. (La fiction m’ennuie. Gela seul est le
merveilleux qui donne encore à jouer à mon imagi
nation et déjà sollicite mon désir).
Bernard Fay.
LIVRES CHOISIS
Giorgio de Chirico. - 12 Tavole in
Fototipia.
« Lorsque Galilée fit rouler sur un plan incliné des boules
dont il avait lui-même déterminé la pesanteur, ou que Tori-
celli fit porter à l’air un poids qu’il savait être égal à une co
lonne d’eau à lui connue, alors une nouvelle lumière vint
éclairer tous les physiciens. »
On se fait une idée imparfaite des Sept Merveilles du monde
ancien. De nos jours quelques sages : Lautréamont, Apolli
naire ont voué le parapluie, la machine à coudre, le chapeau
haut de forme à l’admiration universelle. Avec cette certitude
qu’il n’y a rien d’incompréhensible et que tout, au besoin,
peut servir de symbole nous dépensons des trésors d’imagina
tion. Se figurer le sphinx comme un lion à tête de femme fut
autrefois poétique. J’estime qu’une véritable mythologie mo
derne est en formation. C’est à Giorgio de Chirico qu’il appar
tient d’en fixer impérissablement le souvenir.
A son image Dieu a fait l’homme, l’homme a fait la statue
et le mannequin. La nécessité de consolider celle-là (socle,
tronc d’arbre), l’adaptation à sa fonction de celui-ci (pièces de