Volltext: Littérature (2 (1920), 11)

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cet attendrissement qui mène aux larmes et qui n’a 
rien à voir avec ce que j’appelais : sensibilité — qui 
n’est le plus souvent qu’un joyeux frémissement de 
la vie. Persuadez-vous tout au contraire que c’est 
au plus pressé de l’action que vous la ressentez la 
plus vive ; du moins il sied que cela soit ainsi... Ah! 
pendant que j’y pense : avez-vous une maîtresse ? 
Je lui dis que depuis que j’étais réchappé du ser 
vice, j’avais eu moins souci d’attachement que de 
liberté. 
Il sourit, puis : 
— Je vous demande cela parce qu’une certaine per 
sonne m’a promis pour ce matin sa visite. (Il tira sa 
montre). Et même elle devrait être là.-Restez encore 
quelques instants ; vous n’avez rien de mieux à faire. 
Et en attendant, prenons un verre de porto ; ou 
mieux, laissez-moi vous préparer un cocktail. 
Il ouvrit un petit buffet bas, mais il n’en eut pas 
plus tôt sorti des gobelets et diverses bouteilles 
qu’un coup de sonnette retentit 
II 
Il n’y a pas bien longtemps que j’ai fait la connais 
sance d’Edouard ; mais depuis que je le connais, ma 
vie a pris un tour neuf et je trouve enfin son emploi. 
Je commençais vraiment d’être las de ne vivre que 
pour moi-même ; je ne m’aime pas assez pour cela. 
Au demeurant pas bien assuré de répondre à ce 
qu’Edouard attend de moi; je sens en mon esprit je 
ne sais quoi de courant et de desultory qui me laisse 
craindre de n’être pas de bon usage. De plus, je 
manque d’éducation à un point qu’il ne saurait 
croire. Je n’ai guère rien lu et ne me sens en humeur 
de rien lire. J’ai peut-être certain goût pour les mots
	        
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