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des dieux de bois. En vain on s’épuise à chercher dans un
classicisme momifié un renouveau qu’on ne trouvera pas. On
fait banal ou bien compliqué. Résultat jamais neuf : platitude
ou amfigouri.
Au bout d’un certain nombre de divisions l’infusoire perd
ses cils. Il faut à l’infusoire un autre infusoire. Il se décrépit,
sinon.
Par grâce, donnez à notre langue cette lotion capillaire par
conjugaison. Nos idées craquent entre les frontières. Tout
conspire contre cet isolement. Le journal qui chaque jour
nous verse par larges cuillerées son patriotisme aide à l’inter
nationalisation de la pensée en nous parlant des cinq parties
du monde et en glissant dans ses colonnes quelques mots
étrangers.
C’est fatal. On adapte l’outil à l’idée. L’outil c’est la langue.
La langue suivra l’idée.
On est réduit aujourd’hui à ce mélange arlequinade. Les
engrenages linguistiques ne mordent pas encore. Ça crie.
Les sintaxes s’entrechoquent. Ça fait peur. On préfère suivre
son petit traintrain. Et pourtant observez que de tâtonne
ments et même de changements depuis quelques années. Loin
déjà est le temps où Rivarol disait : « La syntaxe française
est incorruptible. » Sintaxe ! Relie blague. Elle aussi s’effrite.
Plus suitable la classique construction grammaticale. Guindé.
Il faut retailler le complet à notre mesure.
On cherche. Les poèmes sont les tests de ces inquiétudes.
Ils sont une clef des songes où vous pouvez lire l’avenir.
Mirez : Les temps des verbes ? On les équarrit. Dans la frase
on supprime dentelles et rubans. On ne conserve que les