Volltext: L'art contemporain (1)

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Après l’épique du cubisme, c’est le lyrisme des formes et 
surtout le lyrisme de la construction, qui commence à pré 
dominer. Après le classicisme de ces mouvements — 
la réaction romantique du sentiment. 
voilà 
CREPUSCULE DE LA METAPHORE 
Il n’y a pas longtemps, la métaphore était l’attribut le 
plus réel de la poésie nouvelle. Elle exprimait l’actuel 
mieux que tous les autres images poétiques. La métaphore 
était l’avant-dernière marche de la nouvelle réalité poétique. 
En premier, et encore assez primitifs, il faut considérer les 
« mots en liberté » de Marinetti, qui, n’employant que des 
morceaux autonomes et non liés d’images, (les substantifs 
concrets et abstraits) ne comprenait pas les relations de 
fonction qui existaient entre eux. En métaphore nous trou 
vons l’image ; la métaphore plus avancée exprime déjà 
deux traits communs à deux images. En continuant dans 
cette direction nous pourrons arriver en conséquence jus 
qu’à l’expression de la conception poétique par plusieurs 
métaphores ou même par une seule métaphore très étendue. 
Et c’est cette conception première, l’idée poétique qui n’est 
susceptible d’être réalisée qu’en poésie et par la poésie, qui 
est ici la plus importante. Pour la plupart les poètes ne 
pénètrent pas aussi profondément les causes ; ils se con 
tentent des images pour elles-mêmes. 
En exprimant certaines qualités communes 
la méta 
phore est en même temps une épreuve de classification. 
C’est-à-dire, en principe, elle est injuste déjà, comme tout 
ce qui classifiie. La conscience de cette injustice 
consciemment sentie, comme la protestation contre l’impos 
sibilité de connaître, est déjà une valeur artistique de premier 
ordre. La métaphore qui embrasse en même temps la réa 
lité vitale et abstraite exprime le conflit métaphy 
sique. Ses éléments de différentes réalités, qui sont liées par 
des rapports très éloignés (quelquefois ne pouvant être que 
senties) 
provoquent l’étonnement, épiderme de la sen 
sation artistique. En se basant sur différents éléments de la 
vie moderne la métaphore est devenue l’instrument le 
plus apprécié de la poésie nouvelle. Mais les années der 
nières semblent rectifier l’hypertrophie de la métaphore en 
cherchant des valeurs nouvelles dans la phrase et dans 
l’idée. Cette réaction est parue quelquefois sous une forme 
assez violente d’évitation de la métaphore. (Les surréalistes 
p. ex. ont cessé d’essayer d’exprimer certains rapports 
existant entre les images. Ils avaient choisi comme méthode 
la production irrationelle des images : « écriture méca 
nique ») • Il fallait peut-être souligner ici le fait que l’atti 
tude des surréalistes se rapproche beaucoup de celle du 
futurisme. Bréton, aussi bien que Marinetti propage le culte 
de la fantaisie et par conséquence en fait la méthode 
unique de création. La seule différence qui existe : Mari 
netti emploie les mots dans leurs rapports concrets 
logiques, pendant que Bréton se sert de l’image. 
Nous passons ainsi du mot concret autonomique à la 
métaphore-image, qui est déjà l’expression du rapport de 
fonction existant entre deux réalités, celle « vitale » et l’ab 
straction. En continuant dans ce sens nous trouverons l’ima 
ge de plus en plus étendue, qui devient enfin une métaphore 
exprimant le problème de la construction ; problème méta 
physique et artistique en même temps. L’ensemble du poème 
devient ainsi l’équivalent d’un sentiment métaphysique. 
L’œuvre d’art est — comme dit Peiper — « une allusion 
formée à la réalité. » Cette charge électrique de « l’allu 
sion » est la chose la plus importante dans l’art. Par son 
identification avec la réalité certains mouvements passéistes 
se sont complètement déchargés d’iones artistiques, en ou 
bliant qu’on ne range dans le domaine de l’art que ce qui 
dépasse les limites de la nature, qui est «artificiel ». 
La poésie nouvelle a produit surtout un appareillage nou 
veau. Le matériel poétique ne s’est changé que peu. La 
ville, et la machine ont élargi évidemment la sphère de ce 
qui est poétique (puisqu’ils ont élargi la sphère de ce qui 
est), mais le mot a subsisté, le même chez les passéistes que 
chez les modernes. D’après les statistiques (juxtapositions) 
que nous fait Ozenfant dans son dernier livre, la fréquence 
de certaines expressions (p. ex. la nuit, les couleurs, les 
étoiles, les moyens de locomotion, etc.) n’a pas beaucoup 
changé en comparant les poètes modernes avec ceux d’avant 
30 OU 30 ans. Ainsi donc le problème essentiel de la poésie 
nouvelle n’est pas dans les éléments nouveaux des mots, 
mais dans les dépendances en fonction de la construction 
— des mots, des images, des phrases et des conceptions. 
LE STYLE ELIPTIQUE EN POESIE 
Le signe le plus caractéristique de la vie moderne est sa 
vitesse et son intensité. Le trait le plus essentiel de la 
poésie nouvelle est dans sa tendance vers le raccourci. 
L’abréviation est déjà en soi-même une valeur par excel 
lence artistique, parce que en nous mettant en face de 
quelque chose d’inespéré — il provoque l’étonnement méta 
physique (= artistique). L’abrégé est la valeur la plus es 
sentielle de la construction ; la construction à son tour est 
l’expression la plus difficile de l’artisme, de la conscience, 
de la volonté créatrice. L’abréviation est ensuite le résultat 
de la sélection et nous savons ce que certains domaines 
de l’art (p. ex- le roman et le cinéma) doivent à la science, 
afin de pouvoir rejeter les détails inutiles et onéreux. 
Dans les dernieres années l’élipse s’est transformée dans 
la poésie nouvelle pour n’être plus le simple moyen tech 
nique, mais la base et le principe essentiel de certains mou 
vements. L association verbale et le surréalisme (association 
verbale, écriture mécanique, etc. : résultats du dadaïsme) 
ont élevé l’élipse jusqu’au degré de la force motrice. L’élipse 
bien employée devait être l’expression de certaines formes, 
images ou bien de sons. Elle devait extraire l’affinité chi 
mique des mots. II est bien évident, que cette élipse est en 
même temps profondément enracinée dans la subconscience 
dont l’importance par la force de réaction contre l’intellec 
tualisme de notre siècle, s’élargit et accroît de jour en jour. 
Certains poètes ne font des poèmes, qu’en liant les mots
	        
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