Il appert à des signes indéniables, que nous avons
escaladé la crise préparatoire. Le problème psycho
logique de l'heure touche à sa fin.
Campons-nous donc, les jambes bien larges et l’oeil
bien fixe, en face du problème succédant — ébauché
par nos prédécesseurs, et qu’il sied à nous de parfaire
— : la métaphysique de l’heure!
Ne vous alarmez pas pour l’étroite liaison où je marie
art et philosophie.
Ne pas se raidir dans la podagre théorique, ni s’en
gouffrer dans les engrenages du doctrinalisme;
mais, par l’ ( ,amitié du savoir" marquer l’état de grâce
que l’on atteint par la suprême intelligence.
Si l’on réussit à unir indissolublement l’organique de
l’art avec l’état philosophique, nous n’essuyrons plus
l’humiliation de nous voir traités de gouapes et de
malpeignés . . .
et nous ne blesserons point non pins la charmante et
sublime légèreté que la littérature, depuis Stendhal, et
la peinture, depuis Cézanne, nous avaient rendue
coutumière ...
car c’est bien de là que le laitage philosophique dé
coule abondamment.
Les libres bonds de la pensée, les progrès de la
plastique, la pureté des conceptions, se fécondent sans
relâche par l’exaltation croissante de la philosophie ..
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nuage tentateur . . .
ce qui n’implique pas le moins du monde la manière
plate et massive . . .
Zola employa des formes granitiques et ferrugineuses
pour ne raconter que des balivernes.
Grâce à la merveilleuse perspicacité d’Héraclite
d’Ephèse, il existe un codex, daté de la soixente-
neuvième olympiade, qui différencie géométriquement:
science-esthétique . . .-intelligence . . -
Prononçons le credo de l’antisocialisme :
„I1 y a disparité entre les hommes. La société
11’existe qu’en tant que matière, — moralement c’est
une conjecture—.
Les raisons singulières, réunies en faisceau, n’informent
point une monade compacte dans son unité : ce n’est
qu’un ainas diaphane et moléculaire, libre de contours,
de marches, de frontières.
Pourtant l’opinion publique est d’une élasticité mer
veilleuse : changeante, tournante, multifaciale : phare
sans lumière, car en effet elle ne brille pas —. Devant
chaque éventualité nouvelle, elle place une nouvelle
façade, avec un à propos aussi commode qu’in
volontaire.
Même jeu en politique : l’histoire enseigne !
La question qu’uniquement nous intéresse : l’amour et
l’étude d’une psychologie extrahumaine. Fonder une
sorte de stendlialianisme universel.
Déterminer, par la substance de l’art, l’aspect violent
de la sublime imperfection de la vie . . .
Le monde est parfait, disait Plotin, mais à condition
de lui laisser toutes ses laideurs.
Nous sommes des féticheurs civilisés. Arrachons l’âme
à toute chose: de la montagne jusqu’à la tabatière.
H. RICHTER: G ravüre son bois.
KOiûEÂy
Toutes les idéologies,
toutes les signalations,
toutes les formographies,
en de flèches droites comme les rayons, d’une roue
convergeants vers l’articulation centrale, se sont ex
quisement penchés vers les arts, dans l’enlacement
circulaire d’un cadran de boussole ou de la rose
figurative des vents.
C’est pourquoi l’art pénètre désormais dans de voies
non moins géographiques qu’astronomiques.
Sur la même horizontale
les plans de l’architecte babylonien
ouvrent la marche au caravelles de Cristophe
Colomb,
limaces qui grimpent sur la planète légère
comme une pamplemousse
lancée par l’arbalète d’un appareil orthopédique,
dans l’arc exquis du ciel youcatanais.
„C’est la poésie et la peinture, messieurs-dames!"
La musique, bien que de vieille souche céleste,
quoiqu’apparentée à la plus ancienne noblesse plané
taire — les mondes, dans leurs quadrilles, chantent
merveilleusement — reliée aux ferronières platinées
des étoiles ... du temps déjà où Pythagore armait
les phtongues de chiffres militaires, comme des
armées en maneuvre ; ia musique, dis-je, faisant fi de
son passé illustre, s’est engluée, comme une putain
tertiaire, dans les marécages floréaux! . . .
par l’influence néfaste de certains musicofacteurs, classi-
fiables un échelon plus bas que les semnopythèques
— singes mélancoliques
(A ce point l’auteur descend brusquement de la
cathèdre d’où il endoctrine les foules, d’une voix
blanche il susurre:
messieursdam’s, aurevoir et merci !...
excusez . . . je . . je . . je suis surpris . . .
par la colique !...
et s’esquive).
ALBERTO S A V I N I O