ALBERT MARQUET
ALBERT MARQUET est né à Bordeaux, le 27 mars 1875. Il est élève au lycée de sa ville
natale, puis à l’Ecole des Arts décoratifs, enfin à l’Ecole des Beaux-Arts où, dans l’atelier
de Gustave Moreau, il rencontre Matisse. Au Louvre, il copie Chardin, Lorrain, Poussins
puis a la révélation de Cézanne. Il a des débuts très difficiles et doit travailler en compagnie de
Matisse à la décoration du plafond du Grand Palais. Il peint à Arcueil ses premiers paysages.
De 1908 à 1910, il travaille à l’Académie Ranson où il retrouve Francis Jourdain et Manguin.
Il peint des vues de Paris, puis, dès que l’aisance est venue, il se met à voyager en automobile:
découvre le monde, s’arrétant surtout dans les ports dont il sera l'évocateur serupuleux.
Marquet eut l'intelligence de comprendre qu’il avait une chanson charmante à chanter
et sut ne pas forcer sa voix. L'aspect d’un paysage est pour lui réduit à l’essentiel, à une sorte
de sténographie qui résume parfaitement l'esprit d’un site. Tout est dit, grâce à la sûreté de
ses traits, à la justesse de ses valeurs. On lui doit quelques-uns des paysages de Paris les
plus justes d’atrnosphère, de couleurs qui aient jamais été peints, et des ports du Havre,
de Boulogne, d’Honfleur, de La Rochelle, de Bordeaux, de Rouen, de Marseille, de
Rotterdam, de Naples. Depuis quelques années, Marquet a quitté son atelier du quai
Saint-Michel pour habiter cette Algérie qui lui a inspiré des tableaux d’une vérité plus
acide. Marquet a peint aussi, dans sa jeunesse, quelques nus d’un réalisme assez brutal et
des portraits.
Marquet est tout menu et timide. Il parle peu de son art. C’est le dernier paysagiste.
OTHON FRIESZ
Couverture : Portrait de Karin.
OTHON FriEsz est né au Havre. le 6 février 1879, d’une vieille famille d’armateurs et
de marins normands. Il fut d'abord, à l’Ecole des Beaux-Arts de sa ville natale, en com-
pagnie de Raoul Dufy, l'élève du peintre havrais Charles Lhuillier. En 1898, il entre à
Paris à l’Ecole des Beaux-Arts dans l’atelier de Bonnat. Il copie les maîtres au Louvre,
puis, découvrant l’impressionnisme, y trouve la justification de l’élan qui le poussait à
peindre en plein air. Friesz est un des premiers adeptes du fauvisme, puis est sollicité par la
discipline cézannienne. Après la guerre, sûr de son métier, il s'abandonne à son goût pour le
baroque. Depuis 1922, il passe l’été à Toulon.
Friesz partage entre le classique et le baroque son bel amour de la peinture. Il a aban-
donné les orgies de sa jeunesse pour des harmonies très simples. C’est surtout la cadence
qui le préoccupe. Dans le paysage comme dans les études de nu, il cherche les beaux balan-
cements et ces belles ruptures qui donnent à chacun de ses tableaux l’allure d’une symphonie
bien construite. Il aime les gestes éternels des porteuses d’amphores. C’est l’héritage d’une
hérédité méditerranéenne chez ce Normand qui méprise les brumes de l’océan. Le coquillage
a dû hanter son enfance. Il en goûte les formes tourmentées. Les corps de ses baigneuses,
il aime à les tordre, à les disposer selon des rythmes si divers que l’ensemble de ces vivantes
propose la plus sinueuse des arabesques. Friesz est aussi un peintre de marines. On ne peut
prononcer le nom de Toulon sans penser à lui. Il est peintre aussi des fruits d’automne
opulents, mais sains encore, dont la chair n’est pas vidée encore sous l’excès des soleils.
Il les groupe avec noblesse, sans rechercher un effet décoratif indigne de sa main vigoureuse.
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