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1928. PEINTURES MURALES.
… Jamais, sauf dans les films russes, l’expression ciné- lassitude d’un geste rythmique, a la beauté émouvante
matique n’a été poussée plus loin. C’est une série de varia- des blanchisseuses remontant du quai d’Anjou, de Dau-
tions sur un thème cinématique : le mouvement pendulaire mier. Mais je ne puis songer à décrire ce film, indescrip-
donné par le rythme d’une balançoire. On aurait pu tible parce qu’il est uniquement « visuel ». C’est le poème
craindre d’un tel thème une application mécanique mono- de la mobilité en soi. La science de l’angle de prise de vue
tone. Mais l'imagination de Léger le multiplie par des et la mobilité de l’échelle y révèlent une compréhension
variantes infinies, dans toutes les dimensions, y compris du cinéma étonnante à cette date et qui au vrai n’a pas
la quatrième, la durée ; variations abstraites, mécaniques, été dépassée. Les effets de gros plans qui arrivent du fond
pittoresques, accidentelles, et vivantes. Il arrive même à comme un obus sur le spectateur sont foudroyants. Pour-
transposer cinématiquement la cadence mentale et le quoi dans la carrière de Léger cet essai génial est-il resté
dynamisme propre d’une pensée. À l’extrême, cette blan- unique?...
chisseuse qui, gravissant un escalier de Sisyphe, scande sa (L'Amour de l'Art) GERMAIN BAZIN.
JC