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Bartkélemy MENN
Lorsque Barthélemy Menn mourut en 1893, oublié ou méconnu
de la plupart de ses concitoyens, il était à peu près ignoré par
ses compatriotes. C’est à peine si quelques artistes, quelques
érudits, connaissaient son nom en Suisse allemande.
Six mois plus tard une exposition de près de deux cents
peintures à l’huile et d’une cinquantaine d’aquarelles et de
dessins allait préparer la réparation de cette injustice. Le
compte rendu qu’en donna le journal Le Temps se terminait
ainsi : « Comme Rembrandt, Barthélemy Menn aimait à se pein
dre lui-même. Aux heures diverses de sa longue carrière, c’est
bien son âme identique à elle-même, puissante et rude, dédai
gneuse de toute mesquinerie humaine, éprise de toute grandeur,
qui apparaît dans la clarté presque troublante de ses yeux bleus
au regard ardent, dans les traits accentués jusqu’à sembler
brusques et durs, dans les plis affinés et encore énergiques de
la bouche... A voir transparaître ainsi, évoquée par son art, cette
puissante figure d’artiste et de penseur, on saisit plus encore que