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MUSIQUE EVENTAIL et LE SERIN CROCODILE
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la seconde est indifférent, et qui s’efforcent de masquer 1 ap
pareil mélodique dont elle est obligée de se servir. Nul déve-
on songeait à
Si, pour des causes de morale politique
réglementer l’usage des Arts et la vie des artistes, voici ce qu’on
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loppement graphique et spacial. Mais succession véritable, et
pour le malheur de M. Bergson. C’est une main mécanique
qui se sert de votre muscle cœur comme d’une poire à poudre
insecticide pour tuer les amours européennes. Mais Chenal
ne sentira pas le nègre. Croyez-vous? L’esprit français, qui est
devrait faire pour commencer : interdire la musique et pendre
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les musiciens. Mais ce serait faire à ceux-ci un ultime plaisir.
Tout au plus conserverait-on quelques airs entraînants
pour exciter au patriotisme les foules défaillantes. Un rigide
emploi social de la musique avec surveillance de la police s’im
pose; car c’est par l’oreille des hommes que s’écoule toute
morale, aspirée et dissoute par les vibrations sonores.
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femelle, a toujours tiré argent de ses viols subis.
Pendant ce temps, les jeunes gens composent des Pelléas
nègres, tout comme Debussy faisait du Russo-Tartare, ou SainI-
Saëns francisait la musique allemande.
Pourquoi ne pas parler de celle-ci ? Où donc est-elle depuis
Hugo Wolf? On ne joue plus aussi souvent Mignon en France
cela est devenu de la musique allemande.
La vue d’une couleur peut amener un jeu musculaire réac-
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tif plus ou moins violent. Un vulgaire son de trompe d’auto
mobile, comme le seul attouchement inexpressif des quatre
cordes d’un violon, commence à agir sur les humeurs de
l’homme ainsi que sur la mer le proche passage de la lune.
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parce que
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Elle voulut s’évader, la « freie Musik »! L enchaînement
tient la pensée captive, est celui des
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C’est pourquoi les femmes, dont les humeurs sont plus
vagabondes et fluctuantes, sont plus sensibles à un amas de
sons. C’est pourquoi aussi personne n’entend rien à la musique
considérée comme art, moyen vierge situé entre la vie et l’es
prit, aller et retour.
qui, dans la musique
pseudo-lois de l’acoustique. La connaissance des lois régissant
?
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un son donné
la formation des sons successifs par rapport à
ou les rapports numériques des vibrations des différents sons
entre eux n’a rien à voir avec la signification que peuvent
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prendre ces sons, émis successivement. Il est même éton
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nant que pareille chose soit discutable. La physique
d’uneligne bleue agissant sur un cercle rouge
sommes sortis de la crise impressioniste, physico-sentimentale.
Les musiciens se divisent en deux camps : les modernes et
les autres. L’ennui est que la vraie musique moderne, c’est-ài
dire celle qui vit au moment même où on vit, on ne l’entende
. On ne l’entend pas comme musique.
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ne se mêle
. Et nous
pas
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^jamais
Il est vrai que les peintres ne sont vraiment pas a.
Las des chaînes étrangères, ils parlent des lois fatales de 1 équi
libre, compris entre le commencement et la fin du morceau.
Elles sont simplistes, et d’une bêtise humaine. Ce sont les moins
gênantes.
.ns.
Les musiciens qui ont conscience d’être modernes sont
de vieux mirlitons à coulisse, dont le parfum vient de la pelure
d’oignon qui en bouche les extrémités. La spiritualité vient
tour à tour de la bêtise inscrite en hélice, ou de l’imitation d’un
cri de belle-mère irritable. Mais il s’agit ici de la France, où
règne à l’état endémique la morve et la blennhoragie.
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Il n’en est pas de même du code harmonique. Les révolu
tionnaires politiques ont le même code moral que les conserva
teurs à tête de mort. Les musiciens actuels, avec leur hypo
crisie libertaire d’un sadisme alternativement torride et polaire
sont cramponnés à leur loi harmonique, basée sur la tonalité
et le sentiment tonal, sans lequel ils ne conçoivent nulle action
possible.
La musique française actuelle gît sans le savoir un pied
dans les reins de Reynaldo Hahn, le ventre sur a La Musique
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à Dudule ». Sa tête repose pour l’éternité sur Erik Satie.
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La seule joie nous vient de l’Amérique, cependant sans
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illusion. L’Amérique couche avec ses nègres, en pensant à
Marthe Chenal. Les nègres blanchiront; mais Chenal ne sentira
jamais le nègre.
La sensation auditive est ce que l’a faite l’hérédité, tant
au sujet du sentiment tonal qu’à celui de 1 ’agglomération des
sons simultanés. Déplacer le fossé creusé entre les consonances
et les dissonances ne change rien. Il n’y a ni consonances, ni
dissonances, de même qu’il n’y a pas de tonalités, ni de sons
musicaux ou non musicaux. Tout ce qui frappe l’oreille et agit
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dans le temps appartient à la musique. Mais celle-ci n’est qu
membre de l’esprit.
Les Français aiment beaucoup les Jazz-bands. Ils les aiment,
ils n’y croient pas. Tout à fait comme à l’égard de Dieu. Ils
ne croient qu’aux choses sérieuses. Les Jazz-bands, c’est la vie
ce n’est pas l’Art.
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La vitalité de la musique américaine a des vêtements carac
téristiques. Son écriture diffère de son audition. C’est que l’at
trait mélodique est également presque nul, à l’égal de celui de
n’importe quelle musique populaire. A l’audition, elle accu
mule les sons, réputés bruits, dont le nombre de vibrations à
Il est regrettable que, pour tant de gens, elle n’en soit que
le sexe.
Georges RIBEMONT-DESSAIGNES.
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