76 ÇA IRA ! 18 e siècle. Elle possède une littérature appré ciée partout, et qui est un sûr garant contre une trop rapide décadence. Jusqu'ici le fran çais fut la langue diplomatique par excellence, en somme une espèce de langue internationale déjà. De plus, la plupart des étrangers qui apprennent un second idiome étudient de préfé rence le français, et cela seul leur épargnerait une étude que plusieurs trouveraient fastidieuse. L’anglais présente également de grands avantages, surtout pratiques, dont le plus important est la grande facilité et l’extrême richesse de l’idiome, qui se trouve à cheval sur les langues germaniques et romanes. L’anglais, si simple, est déjà parlé dans le monde entier : il n’y aurait qu’un très petit pas à faire pour le sacrer “ langue universelle „. Disons un mot également d’une troisième langue internationale qui pourrait avoir voix au chapitre, et qui est le chinois. Les idéo grammes chinois sont lus par huit cents millions d’êtres humains, dont plus de quatre cents millions connaissent le chinois pur. La langue est difficile, mais son étude est un merveilleux instrument de culture. Mais n’insistons pas : l’idée du chinois langue universelle est trop jeune encore : d’aucuns se moqueraient. Nous ne restons donc qu’en présence de la langue française et de l’anglaise. Nous ne voulons guère décider laquelle des deux doit l’emporter sur l’autre, encore que l’anglais paraisse avoir le plus de chances. Nous nous réservons, d’ailleurs, de revenir sur la question lorsqu’elle sera devenue d’un intérêt plus immédiat. Sans doute, on nous traitera de réactionnaire, parce que nous n’avons pas clamé la supériorité d’une des nombreuses langues artificielles. Tant pis : nous avons tenu à dire notre pensée à ce sujet, avec la même sincérité que nous apportons dans toutes les questions que nous traitons. Jacques LOTHAIRE. Un Tract “ Aurons-nous la Révolution ? ”, c’est la question qui s’étale en grosses lettres noires sur la couverture d'une brochure que les Editions de La Sirène viennent de publier dans leur Collection des Tracts. Avec un tel titre, ce petit volume est assuré d’un succès sans précédent, car voici de longs mois que cette angoissante question s’est imposée, d’abord furtivement, bientôt de façon impérieuse, à une infinité de cerveaux inquiets. Pas un, parmi nos capitalistes d'Occident, qui, à certaines heures de défaillance, n'ait vu s'éclipser sa belle sérénité et n’ait laissé envahir la paix de son âme par l’obsédante menace d'une Révolution sanglante. Le spectre horrible du bolchéviste, aux mains dégouttantes de sang, un poignard entre les dents, s’est dressé devant ses yeux ; d’atroces visions de meurtres et de rapines ont troublé ses nuits et petit à petit un intolérable malaise est venu lui gâter la paisible jouissance de ses richesses. Aussi sera-ce avec une avide impa tience qu’il se jettera sur ce petit livre et qu’il y cherchera des perspectives propres à le délivrer de sa cruelle incertitude. Qu’y trouvera-t-il ? Tout d’abord, une impartialité absolue dans l’exposé du problème — impar tialité qui est rendue plus tangible par la forme sous laquelle le document se présente. En effet, l’auteur a voulu garder l’anonymat et il a donné à son ouvrage l’apparence d’un rapport rédigé par un imaginaire agent d’ambassade à l’intention d’une “ Excellence ” tout