belle-mère, une paysanne bretonne, un avocat de province, un marchand forain, un ancien ténor devenu fou, un snob, un apache, un cragot, unsocialo, une dame journaliste et une dame professeur, un acteur en tournée, un empereur romain, un vieux marin ; tous se succèdent, et une phrase, souvent, suffit à indiquer les défauts ou la nature de chacun. Car Max Jacob est essentiellement humoriste. Les portraits n'ont qu’une apparence de réa lisme ; il cherche le ridicule et le corse à plaisir. Il étudie son prochain ; l’analyse en est claire, mais son livre est surtout très amusant. W.K. * * * L’Horizon débridé (Editions de la Con naissance, Paris.) Ce que l’auteur (anonyme sans pour cela être bien méchant) nous présente sous ce titre, c’est toute une série de petites pièces qui pos sèdent le mérite d’être courtes. L’auteur les appelle des “ Synthèses propres à contribuer à l’histoire littéraire du temps ”. Je le veux bien. Ce sont des interviews imagi naires cueillies chez les écrivains en renom, mais il arrive assez souvent que le trait synthé tique d’un écrivain est celui qui frise davantage la caricature. Anat. France, Claudel, Suarès sont repré sentés dans des raccourcis assez amusants. Bref un livre qui me fait songer aux Camées Parisiens de Banville mais qui, je crois, sou tiendrait difficilement la comparaison. P.N. Quelques Peintres de Provence Mathieu Verdilhan. — Mathieu Verdilhan est le maître des jeunes de là-bas. Ses toiles, rudes, pleines de la couleur violente et de la lumière du midi, ne sont pas toujours de simples paysages. Ce sont de fortes études, peintes plus avec l’âme qu’avec la main. J’ai eu la bonne fortune d’avoir pu admirer son exposition (Galerie Olive) à Marseille. Verdilhan aime le coloris intense, les décors grandioses de Provence : Les roches, la mer, et surtout le Vieux-Port de Marseille, où est situé son atelier. Quelques traits piquants, qu’on raconte de lui, dépeignent l’homme, l’artiste. Quand Verdilhan entra à l’académie de peinture, on lui demanda ce qu’il savait faire. “ Tout ! „ répondit-il. Après avoir passé d’une classe daqs l’autre, lassé, dégoûté, Verdilhan s’enten dit dire par son nouveau professeur, cette phrase qui l’avait souffleté plusieurs fois déjà depuis son entrée à l’école de peinture : Vous peignez comme un pied ! „ Outré, il s’élança sur le professeur, et, c’est à grand peine qu’on put les séparer ! Lorsque Puvis de Chavannes vint donner une conférence à Marseille, sur l'art moderne, le public marseillais, très monté contre les “ précurseurs „ — et qui n'a pas changé depuis — siffla et hua l’orateur. Verdilhan était présent à cette conférence. A coups de coude il se fraya un passage dans la foule, se précipita aux côtés de Puvis de Chavannes, et commença un discours virulent, dans lequel il traita les marseillais, ébahis, de muffies, d’em potés, etc. Verdilhan aime à peindre de grandes toiles. Ses natures-mortes même, sont de dimensions respectables. Parfois, les promeneurs voient s’avancer a 11 loin, sur les roches, une toile sautillante. Il s se disent : “ voilà un futur tableau de Verdilhan !,, De taille très petite, l’artiste est obligé de mettre ses toiles à terre, pour peindre !... Verdilhan, un homme extraordinaire, un artiste probe, un maître. Louis Audibert. n peintre possédant une palette aux tons délicieux et raffinés.