27 me voilà couvert d’opprobre et d’infamie, laissez-moi, laissez-moi, il faut que j’en décharge ! et qui le fait au même instant. Le Sade que nous aimons, ce n’est pas l’élève des pères jésuites, mais c’est l’amant de sa belle-sœur, le séducteur de l’exquise chanoinesse qui l’aide à faire Dieu cocu par un inceslc. Le Sade que nous exaltons, c’est l’emmuré de trente années, le prisonnier d’Etat, captif de l’arbitraire sous trois régimes qui lui volent sa liberté. C’est le révolutionnaire qui, le premier, crie au peuple la Bastille à prendre; c’est l'athée qui brave Robespierre et son Etre suprême au milieu de la Section des Piques et jusqu’à la barre de la Convention; c’est le vieillard impénitent, précipité dans l’asile des fous et dont la raison froide affole à la fureur ministres et préfets de l’épileptique Empereur. Et c’est le moribond, fidèle à son Dialogue avec le prêtre qu’il écarte. Mais plus que le poète et que le philosophe, ce que nous aimons et admirons en lui, c’est le dompteur de la nature, l c’est l’agresseur des dieux, le contempteur des lois, le libérateur du sexe, le rebelle, Sade. Maurice HEINE. Avril 1934.