42 jupons. Et, paradoxe de paradoxe, nombre de ces colosses copiaient, dans leur vêture féminines, certaines raccrocheuses qui, elles- mêmes, pour leur tenue de travail s’étaient inspirées du style le plus violemment sol datesque. Un lustre plus tard, les nazis avaient brûlé les précieuses collections d’Hirchfeld. Aujourd’hui, tous comme un seul homme, ils habillent leurs mollets de cuir fauve. Extatisme de l’habillement. Dans l’Allemagne hitlérienne, dans l’Italie musso- linienne, ceux qui s’opposent au bond en avant pour un retour en arrière jusqu’à la féodalité, ceux qui n’imaginent que pour inventer atrocités et méfaits dont taxer les communistes et leur repiocher, entre autres choses mensongères de vouloir réduire la diversité humaine à la monotonie, ceux-là, dis-je, se condamnent eux-mêmes et condam nent les autres à l’obsession de l’uniforme. Sans doute la camisole de force nationa liste ou raciale va-t-elle comme un gant à la folie furieuse d’une classe qui voit, dans le fascisme, l’unique chance de survivre en core un peu à ses faillites et banqueroutes frauduleuses. Par la rigidité toute militaire de ses cadres, l’Etat ne cesse d’exaspérer les contradictions inconciliables. Le monde ex térieur, le monde sert de bouillon de cul ture à ces délires que réfléchit, à la surface comme au plus profond de ses eaux, le miroir sensible et mouvant que nous appe lons le monde intérieur. Or, nous ne croyons pas à la génération spontanée des délires. Tout et tous obéis sent à la grande loi d’universelle réciprocité. Un marxiste ne peut nier que, à la lumière des plus sombres folies, s’éclairent, donc se métamorphosent, les faits dont naquirent ces sombres folies. Machine à réprimer et à comprimer, au sein des contradictions inconciliables, l’Etat, dans et par ses mesures les plus générales, jamais ne cesse d’être le responsable des re foulements les plus particuliers. Donc, réci proquement, rendre compte du particulier, ce sera dénoncer le général. Du fait, du seul fait qu’elle explique l'individu actuel, la psychanalyse est un réquisitoire contre la société actuelle, la société capitaliste qui en refusant à l’immense majorité des individus des conditions acceptables de vie matérielle, leur interdit le libre épanouissement de la vie psychique. Les ennemis de Freud, ses ennemis de gauche et de droite aussi bien que ses dis ciples à la ferveur trop exclusive, tous ont une fâcheuse tendance à oublier que le plus grand psychologue des temps modernes n’a jamais accordé une valeur nouménale à l’in conscient, à ses manifestations. Comme toute autre science, sa science s’attaque à ce qui apparaît encore à l’état d’irrationnel, pour en faire un nouveau rationnel, un nouveau rationnel qui servira de chemin vers un nouvel irrationnel, qui lui-même... Toujours, partout (et dans ses Essais de psychanalyse appliquée récemment traduits plus encore qu’ailleurs et jamais) Freud insiste sur la nécessité de considérer le contexte. Le déterminisme psychique est déterminé par d’autres déterminismes que, lui-même, à son tour, il va déterminer. Il s’agit de ne négliger aucun de ces liserons conducteurs qui peuvent nous aider à nous y retrouver dans l’enchevêtrement équato rial des déterminismes. Pas plus que les êtres, des choses, les mots qui désignent choses et êtres et les songes qui les relient ne sauraient être abstraits définitivement de l’ensemble, d’où, pour des nécessités d’ana lyse, il a fallu les extraire. Dans Dichtung und Warheit, Goethe a osé écrire : on peut tout affirmer lorsqu’on se donne la liberté d’employer et d’appli quer les mots d’une manière tout à fait va gue, dans un sens tantôt élargi, tantôt ré tréci, tantôt approché, tantôt lointain. Ici, par sa volonté même de confusion nisme, l’OIympien se précise. Son masque, l’olympianisme, ne cache plus mais accuse la mauvaise conscience de qui a voulu plus d’une fois détourner les mots à son profit, au détriment d’un temps, d’un lieu et de ses voisins dans ce temps, ce lieu. Jamais (et surtout en France, pays de l’é loquence) on ne prend assez de précautions contre les spécialistes des précautions ora toires. Les escroqueries verbales vont de pair avec les autres. Toujours la même Marseillaise : les en fants de la patrie, les fils de putains, les dignes rejetons de la république bourgeoise ont fait, d’un chant à l’origine révolution naire, l’hymne même de la provocation. Tel historiographe du fumier contemporain s’at tendrit sur l’amour de petit dissentiment qui a servi de mouche aux touchantes con