65 le papier que déchire la muraille l’enchanteur oiseau prisonnier tu es le sémaphore où je suspends des larmes l’ibis au plafond rouge que j’adore l’asphodèle que je ruine tu es aussi la vivante que je tue l’absence que je fais naître et qui me fait vivre comme un trou dans le mur vide gratté longé de déchets de mousse, d’os, de peau, d'ailes, de linge de femme, de regards froissés. Maurice HENRY. P E Châtaignes aux cils du courant Vous êtes le lieu des rendez-vous De beaux rochers insubmersibles Dénouent l’échelle de soie D’une nuit qui mène vers les traces de sang t Le sablier du visage que j’aime A ce bras finit un monde Où le soleil des routes appelle vers l’autre rive Les bagnards sans souci Des regards où le tonnerre se refuse à revenir Des bouteilles pleines de temps perdu Le paysage des dernières lumières D’une gorge sur pilotis Les chevelures anciennes Collent aux branches le fond des mers vides Où ton corps n’est qu’un souvenir Où le printemps se fait les ongles L’hélice de ton sourire jeté au loin Sur les maisons dont nous ne voulons pas Et les talus de chair emprisonnent Le hasard servile des arçons de miel Au matin mangé de sueur Je n’ai perdu que mes pieds inutiles au voyage Dans les gares du vent La coque gantée d’un navire sans voiles Et je parle avec ta voix A l’heure où s’obstruent tous les chemins de sable A l’heure qu’indiquent les phares brûlés du sycomore Dans la blessure humide d’un oiseau sans ailes Plonge l’été briseur d’épaves. Etienne LERO.