13 — quelques gouttes de cognac. C’est très efficace. Ne voulez- vous pas essayer ? Valentine. — Non, je vous remercie, ce ne sera rien. Je vais déjà mieux. Je vous en supplie, qu’on ne s’occupe pas de moi, je me trouve déjà si ridicule. Paul. — Il n’y a rien là de ridicule. Voulez-vous que je sonne ? Valentine. — Ne vous dérangez pas. Paul. — Vraiment ? Valentine. — Vraiment. François. — C’est égal, une petite tasse de tilleul avec un peu de cognac ne vous ferait pas de mal. Silence. Valentine. — A quelle heure votre train ? François. — 19 heures 33. Valentine. — Votre adresse. François. — Hôtel Bristol, Genève. J’espère que vous n’al lez pas trop vous ennuyer. (.4 Paul.) Tâche de la distraire. (Lui prenant le bras.) Je compte sur toi, mon vieux. Valentine. — Qu’est-ce que tu vas faire là-bas ? François. — Te souviens-tu de Jean Le Houilleur ? Depuis longtemps, je devais aller le voir. Il a été mon meilleur ami. Valentine. — Vous m’en avez souvent parlé. François. — C’est vous qui m’avez encouragé à partir, et je le regrette presque maintenant. Il m’est si facile de ne penser qu’à nous. Si seulement vous consentiez à quitter Paris ! C’est donc bien difficile de renoncer à ces courses, à ces soirées ? Je voudrais tant faire revenir le rose sur ce visage, ne plus vous voir ces yeux cernés. Valentine. — A vous croire, bientôt ma vie serait en danger. Paul. — Cela passera. Ce sont les nerfs. Silence. François, se lève, fait quelques pas s'arrête encore devant Valentine. — Demain, à cette heure-ci, je serai loin de vous. Ce sera la solitude douce et chaude. Il me semblera que je vous ai quittée depuis des semaines, depuis des mois, depuis des années. Les gens parleront et s’agiteront. Dire que la caresse de l’eau sur la berge m’émeut et m’attendrit déjà! De la terrasse de mon hôtel, je vois passer sur le lac des voiles blanches. A l’heure où le soleil se couche, ce paysage m’enivre. Après avoir été tout le jour le grand lac silencieux, il devient au