— 20 — je vous tiens pour le héros de notre roman de chevalerie mo derne. Vous allez me tirer d’affaire en un clin d’œil. Létoile. — Ces questions d’intérêt regardent la police. En toute autre occasion, Monsieur, je me ferai un plaisir de vous être agréable. Il va ouvrir la porte. Le monsieur se lève, salue et sort. SCÈNE V Létoile retire son pardessus. Lefebvre entre, lui remet des lettres et sort sans un mot. Létoile range les papiers dans un tiroir. SCÈNE VI On frappe. Entre le garçon de bureau. Le garçon. — Ce sont deux dames qui demandent à parler à Monsieur pour une bonne œuvre. Létoile, se frottant les mains. — Faites entrer immédiate ment. Les deux dames entrent. Agées, minables, elles tiennent un petit carnet à la main. Létoile, sans un mot, leur indique un siège. Il se renverse dans son fauteuil, allume un cigare et attend. La première dame quêteuse tousse. Létoile, tirant de grosses bouffées de fumée, d'un ton tranchant. — La fumée ne vous dérange pas. La dame semble très incommodée. La 2 e DAME QUETEUSE : Avez-vous quelquefois, Monsieur, quand vient le soir, Pris garde à la pauvresse errant sur un trottoir ? Comme un spectre dans l’ombre, et d’allure furtive, Vous la voyez passer et repasser, craintive, Maigre, déguenillée, et pressant dans ses bras Un pauvre corps d’enfant que vous ne voyez pas : Cher fardeau qu’un haillon emmaillote et protège Et qui repose en paix sous la pluie et la neige, Trouvant, près de ce sein flétri par la douleur, Son seul abri, sans doute, et sa seule chaleur ! \