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SCÈNE II
Entre Maxime, un parapluie à la main. Il s’asseoit au fond).
Maxime.—Voyons... donnez-moi un raphaël citron et de
quoi écrire.
Il semble chercher ses mots et regarde autour de lui. On voit
qu’il prête à Gilda une attention de plus en plus marquée.
Maxime. — On n’y voit plus. (Il va s’asseoir près de Gilda).
Quel temps.
Gilda. — Il pleut.
Silence.
Maxime. — Vous ne vous ennuyez pas ?
Gilda. — Pourquoi ?
Maxime. — Vous attendez quelqu’un ?
Gilda. — Non. {Elle sourit).
Maxime va s’asseoir en face d’elle. — Vous permettez ?
Silence.
Gilda. — Je rêvais que j’étais encore en pension. Je porte
une dernière fois ce col de dentelle. On a beau surveiller ma
correspondance, un inconnu ce soir escaladera le mur du parc.
11 me dira : « Vous avez pleuré, à cause de la nacre de mes
joues. » La nuit viendra. Bientôt il n’y aura plus que les
moulins à vent.
Maxime. — C’est à prendre ou à laisser. L’élégance intérieure
et les actes de désespoir les plus fous. Sortir de l’église en
jetant des dragées.
Gilda. — Vous n’êtes pas comme les autres.
Maxime. —Comment ne pas se dire plusieurs fois par jour :
cela ne se retrouvera jamais !
Silence.
Gilda. —Vous n’avez pas achevé votre lettre.
Maxime. — A quoi bon donner plus longtemps signe de vie?
Il est trois heures et quart et je vous vois.
Gilda. — L’instinct de plaire ressemble à un puits. Croyez-
moi, les bagues ne sont rien. Il y a à Paris sur les grands
boulevards une pente si douce que presque personne n’a pu
s’empêcher d’y glisser.
Maxime. — Les plus touchantes mappemondes, ce sont les
globes argentés dans lesquels le garçon de café range de temps
à autre une serviette. Les oiseaux en cage aiment ces petites