L’ŒUF DUR 13 Abonqez-Vous Trouvez-pou? de? Abonné? mais para bravement l’attaque : les propositions de Spinoza sur l’immortalité impersonnelle se déroulèrent, amples et graves. Jean sentit bien que la lumière de son moi n’était plus qu’une flamme de bougie consumée, mais il eut la force de comprendre que la flamme mourait faute de la santé des nerfs non faute d’elle-même. Sa pensée restait entière si ses moyens d’action étaient immolés à l’étrangère, et c’était tout. D’un œil passif et superbe, Jean vit avec résignation l’étrangère poursuivre le ravage de son individualité. — La scène de la caronnade décrite par Victor Hugo dans Quatre-vingt-treize se renouvelle, mais plus dramatique que sur la corvette anglaise. La caronnade qui détruit aujourd’hui ce n’est plus en effet une ferraille sans doute aveugle mais matérielle et précise. C’est une puissance mystérieuse et fluide... Et ce n’est pas la Claymore que la caronnade piétine, mais le mécanisme qui était le seul instrument de toute iine âme... Jean va succomber : des éclairs de mysticisme l’atteignent : la lèvre balbutie des prières d’enfants ; des souvenirs de pèle rinage le hantent victorieusement. Roc-Amadour. Il revoit le monastère piqué — fanal spirituel gigantesque — au sommet d’une déchirure du Causse rabougri, rocailleux et primitif comme un Mantegna ; avec quelle ferveur il s’agenouillera humblement sur les marches de pierre si la Vierge noire fait chasser l’étrangère... Mais non ! Jean s’indigne ; car il sait bien que c’est l’étrangère qui souffle à son aimable scepticisme et à sa foi tolérante et douce ce fanatisme troublant parfumé des senteurs gluantes des cierges mortels. Sur la table de toilette, le savon à barbe se crispe et la brosse à dents vagit comme un nouveau-né mécontent : Jean sent la bataille échapper à sa volonté ; alors il essaie de fredonner une chanson pleine de vie et de fortes femmes, un air de Bruant par exemple, mais sa voix rend un son glauque et triste : un magnificat essoufflé ahanné par un bedeau octogénaire. La bataille se poursuit : l’étrangère insiste sur sa victoire facile : libérés, les souvenirs des heures d’amour inquiet reviennent en foule pour jouir de la détresse de leur maître. Petit Jean qui jadis ivre de vie jouais insouciant à la pirouette rapide, qu’es-tu devenu à cette heure ? Je te vois baver, baver voluptueusement dans un mouchoir brodé couvert de papillons qui symbolisent une liaison brève et exaspérée. Oh ! petit Jean : pourquoi main tenant cet amusement ignoble d’écouter les glous glous convulsifs