56 MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX sa discrétion généreuse, il avait déclaré que l’objet valait dix francs. Il en avait certes coûté davantage, mais M. Coste- pierre était résigné de bon cœur à payer ce qu’il faudrait. Car il était bien sûr d’avance qu’il faudrait payer, puisqu’il était dans une administration, n’est-ce i pas ? Donc il interrogea, d’un cœur géné reux : r — Combien vous dois-je ? Mais c’est à cet instant que l’attendait la plus grande surprise de sa vie, car un chef de bureau, infiniment courtois, lui répon dit d’une voix amène et sentencieuse : — Vous ne devez rien. — Ce n’est pas possible ! protesta M. Costepierre avec énergie. — Non, monsieur, non, continua le chef de bureau, vous ne nous devez rien, parce qu’à notre grand regret nous allons être obligés de renvoyer cet encrier en Angle terre ! M. Costepierre songea, non seulement