114 MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX ner, nul ne se fit prier. Cette heure-là devait passer plus vite ; et l’on se promet tait de la prolonger. D’ailleurs beaucoup venaient de pays où, pendant cinq ans, on n’avait pas mangé à sa faim. Il y avait des Autrichiens, et les Allemands eux-mêmes recommencent à voyager. On nous prédit que nos petits-enfants verront un jour toutes les patries euro péennes unies en un bloc sympathique et paisible. De tels convois internationaux, véloces et somptueux, devraient nous offrir l’image anticipée de ces Etats-Unis. Ces voyageurs de toutes les nations civi lisées appartiennent en effet à la même classe sociale, ou à des classes fort voi sines. Ils ne se choquent point les uns les autres par des façons diverses de manger, de boire, de se vêtir ; et l’on dirait même qu’ils s’efforcent de cacher leurs différen ces d’origine, bien plus soucieux d’être « du même monde » que d’apparaître les fils évidents de leur nation. Mais voyez-les