DANS L’EXPRESS-ORIENT 115 se grouper autour des petites tables, et vous perdrez cette illusion. Les Allemands restent avec les Allemands, les Grecs avec les Grecs, les Français avec les Français. Ils reconstituent des Etats ; et ces Etats, il est vrai, ne se déclarent point la guerre, mais s’ignorent. Le voyageur qui se trouve seul de son pays est malheureux. Il cherche vainement du regard des alliés qui consentent à l’accueillir. Et quand il s’assied, à la fin, c’est sur l’injonction un peu sèche de l’un des serveurs qui lui dé signe d’autorité « une table de quatre », où il a déjà parqué trois autres solitaires éperdus. C’est ce qui advint cette fois à Torghout bey, Ottoman, Ouang-Ouei, qui est Chi nois, et Moulai eddine, qui est Persan. Torghout pourtant ne portait point de fez, ni Ouang-Ouei une longue queue de che veux noirs bien tressés, ni Moulai eddine le caftan et le grand bonnet. Tous trois montraient le même pli à la même place