130 MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX avait daigné me donner, mon compagnon rougit, et se tut. — ... D’autant plus, suggéra l’un des guerriers, qu’il y a aussi des chevaux, si l’on voulait atteler les carrioles. Tenez, pas bien loin, il y a le dépôt des chevaux... Même qu’il y en a qu’on a pris aux Boches. Allez-y voir, si vous voulez. Les chevaux vivent d’herbe, à l’état sauvage. A l’état civilisé, ils en feraient volontiers autant. Mais, comme on ferre leurs sabots, quand ils sont parqués dans un espace trop étroit ils ne tardent pas à transformer cette herbe en une fange épaisse, où ils ont l’air très malheureux. Un de ces coursiers leva vers nous cet œil d’antilope, tendre et caressant qui révèle, malgré le poil mal soigné, la crinière em mêlée, le cheval de race. — Ça, c’est un Boche ! observa l’un des guerriers. Et je ne sais pas ce qui lui prend, toutes les fois qu’on passe près de lui, il a une si drôle de manière de gratter du pied !