134 MÉMOIRES D'UN DADA BESOGNEUX peuple à la fois raisonneur et naïf qui n'arrive pas à comprendre comment il se fait qu’étant victorieux il ne soit pas heu reux — ne pouvant distinguer que c’est le monde entier qui est malheureux, non pas lui seul : c’est trop grand pour lui, pour toutes les femmes et presque tous les hommes, le monde entier ! — ses jour naux qui ne lui disent jamais que ce qui ne va pas, et pas une fois ce qui va, d’abord parce que c’est leur métier d’être catastrophaux et faits-diversiers, ensuite parce qu’ils sont des avocats qui plai dent contre le Boche mauvais payeur — toute cette civilisation française, déca lée, déjetée, bavarde, grinchue, a partout quelque chose d’ahuri et d’ahurissant, de comique, de macabre, de dada — de si dada que cela me décourage de l’être. Et j’ai l’impression que ce n’est pas elle seu lement, mais toute l’Humanité des Hom mes Blancs, abrutie, désaxée, maboule, loufoque, et dada, dada, dada !