150 MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX la rage, de la folie dans sa peur : pour un cri si c’est un bipède, comme vous et moi, pour une mouche qui les pique ou un mor ceau de papier, si c’est des bêtes à quatre pattes, avec une crinière et des sabots. Les autres animaux, les autres hommes se figu rent qu’il sait, celui-là, pourquoi il fiche le camp, et ils suivent. Ce qu’on n’explique pas, c’est que, à d’autres moments, ils res tent au contraire bien tranquilles, ils lais sent le premier imbécile passer sa folie tout seul. Pourquoi, alors, est-ce contagieux, le jour suivant, ou le mois, ou l’année d’après ? Pourquoi les cervelles ont-elles toutes la même idée, la même impulsion, au lieu de continuer à raisonner à part ? Ça, on n’en sait rien. Moi, j’ai remarqué que les chevaux, ça leur vient surtout après de grandes fatigues, qui ont duré plusieurs jours, et quand on a commencé à leur don ner du repos, et de l’avoine. Ils sont éner vés et excités tout à la fois. Pour les hom mes, c'est peut-être la même chose. En