178 MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX payer le loyer de leur petit logement de la rue Payenne : il n’y a pas de mobilisés dans la famille ! Elles sont toutes seules, elles ont toujours été seules, depuis des années... La veuve a bien une petite rente, de quelques centaines de francs, parce que le mari fut un modeste fonctionnaire. Mais qu’est-ce que cela ? Cette pension était déjà insuffisante,aux temps d’avant-guerre, quand les choses n’étaient pas ce qu’elles sont devenues depuis : elle travaille « poul ies grands magasins » ; de ces miséra bles travaux, qui sont si peu payés. La fille aussi, travaille : avec de petits pots de colle et de couleurs elle fabrique des éventails à bon marché. C’est toujours comme ça que je les ai vues : M me Blin, penchée sur sa couture ou sa broderie ; Elise, sur sa table de bois blanc, au milieu de couleurs vives qui font paraître plus pâle encore sa figure longue, qui serait jolie, si elle n’était si pâle. Que voulez-