188 MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX Je l’avais rencontré, du côté de Saint- Cyr, je crois, comme je revenais à bicy clette de Montfort-l’Amaury. Tous les cyclistes connaissent ce sentiment de mau vaise humeur et presque de désespoir, cette lâche envie « d’abandonner » et de recourir au « grand frère », c’est-à-dire de sauter dans un train, qu’on éprouve lorsqu’il vous a fallu quelques heures lutter contre un vent contraire qui vous oblige à un effort continu dont les résul tats sont dérisoires. Birou, qui sortait d’un bouchon en s’essuyant la bouche, m’avait eonfraternellement offert de « m’entraî ner », se plaçant devant moi pour cou per le vent. Cette proposition prouvait son bon naturel et aussi l’état d’euphorie où l’avaient mis quelques libations, suffisantes pour lui donner du cœur aux jambes sans nuire à son équilibre. Je l’acceptai de bonne grâce. Durant quelques minutes je ne pensai à rien qu’à « coller », ainsi qu’il se doit, der