228 MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX rades de classe. Je l’avais perdu de vue depuis le baccalauréat. (Tous deux nous en possédons le diplôme ; à cette heure, il est rare qu’il soit refusé à personne.) Nous causâmes d’abord de choses indifférentes. Mais, insensiblement, mon contemportain commença de parler peinture. Il émit sur Rubens, Rembrandt, Raphaël des opinions fort dédaigneuses. Les modernes ne trou vèrent pas davantage grâce à ses yeux : ni Delacroix, ni Courbet, ni Manet, ni Renoir, ni Degas, ni personne. Il ne fit grâce, à moitié, qu’à Cézanne, qui sans le savoir, me dit-il, et bien imparfaitement, avait montré la route. Toutefois il nomma, avec une indulgence qui, après ce début, m’étonna, Poussin et David, dont il affir mait « procéder ». « — Tu es donc peintre? fis-je avec un certain étonnement : car je me souvenais qu’à l’école il était incapable de dessiner un nez qui eût l’air d’un nez. « — Je suis peintre ! proclama-t-il. Pein