230 MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX rement inclinés à droite. Comme il voit, lui, toutes choses légèrement penchées à gauche, il n’y a que mes toiles, dans toute la nature, qui lui donnent la sensation de l’équilibre. Il va donc répétant que j’ai du génie, et certaines personnes commencent à le croire. Moi-même, bien entendu, je suis de son avis. « Cette rencontre, monsieur, m’éclaira. Je compris tout de suite qu’il serait dan gereux pour moi de me livrer à la peinture, ou à n’importe quel autre des beaux-arts : par instinct, malheureusement, si je des sine un chien on sait que c’est un chien, je vois les arbres verts, et les homards rou ges, quand ils sont cuits. Je ne saurais at teindre à l’originalité ! Mais je déduisis, de ce que je venais de voir, qu’il y avait à tenter, en littérature, la même opération qui venait de réussir si heureusement à mon ami dans la peinture : il fallait pro duire quelque chose qui ne ressemblât à rien. J’y suis parvenu, comme vous avez