242 MÉMOIRES D*UN DADA RESOGNEUX droit, d’après les règlements institués par le nouveau régime, à une ration plus ou moins congrue. Par surcroît, on a été dur avec moi. J’ai été convoqué par un membre des Conseils révolutionnaires, que je croyais pouvoir compter au nombre de mes amis : car depuis longtemps, voyant venir l’orage, j’ai pris soin de me créer des relations dans ce monde-là. Ce n’était point que je craignisse de payer de ma vie l’avènement du nouveau système : je suis un trop petit personnage et trop ré signé, par principes et par tempérament, aux sacrifices indispensables ; mais je suis un « bourgeois », c’est incontestable, et vivant de mes rentes, comme vécurent mon père et mon grand-père, bien que je sois aussi poète. Mon ami des Conseils m’a dit doucement : « Nous sommes des gens sages, merveilleusement doux, ani més des meilleures intentions, et des évo lutionnistes, non pas des révolutionnaires. Nous avons mis tous nos soins à établir