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MÉMOIRES D'üN DADA BESOGNEUX
tail, ni dans l’industrie. M. Alquié est avo
cat : les carrières libérales, par ce temps
de vie chère, traversent une crise pénible.
Ceux que leur vocation ou la volonté de
leurs ascendants y ont fait entrer la sup
portent avec dignité, et un peu d’effroi, ils
se demandent comment ça finira. En atten
dant, ils se restreignent sur tout ce qui ne
se voit pas.
Du reste, les Alquié n’ont jamais eu
qu’une servante ; mais il vient chez eux, le
matin, une femme de ménage, qui fait
« les gros ouvrages », donne un coup de
balai dans l’appartement, monte le char
bon. Elle s’appelle Mélanie. On sait que les
maîtresses de maison ne sont pas quelque
fois sans avoir un faible pour les femmes
de ménage, parce que leur profession con
duit celles-ci dans d’autres maisons, dont
elles parlent: et ainsi, on apprend des cho
ses ; sans aimer les potins on peut avoir
de la curiosité. D’ailleurs, Mélanie éprouve
un certain orgueil de la situation de ses