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MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX
sent pas en réalité. Ce sont des âmes fai
bles et incapables d’action. Mais je son
geai un instant à aborder la machine de
Birou par le travers pour causer un acci
dent. Puis j’abandonnai ce projet, réflé
chissant qu’il avait l’air beaucoup plus
fort que moi et que, selon toute apparence,
c’est ma bicyclette qui recevrait une avarie.
Alors je déclarai, d’une voix timide, que
j’étais fatigué et que j’allais prendre le
train.
— C’est entendu, fit Birou, toujours
bon garçon, et on prendra un verre devant
la gare de Jouy.
Nous prîmes un verre, mais je ne pris
pas le train : il n’y en avait pas. Il n’y en a
jamais sur cette sale ligne !
Et Birou recommença de me tirer ! Et
tout en me tirant, de plus en plus loquace,
il m’exposait ses idées sur Dieu, la famille
et la propriété. Ses idées sur Dieu, bien
entendu, c’est qu’il n’y en a point, et que
ce personnage a été inventé par les curés :