L’ŒUF DUR 9 6 TRISTAN DERÈME Petits Poèmes i Le vent triste du crépuscule Balançait les magnolias, Tandis qu’en songe tu liais Les roses d’un bonheur tranquille. Feuillage immense de quelque île, Que grille un tropical azur, Pendant que pareille au désir Une tourterelle roucoule. La mer blanchit dans la chaleur, Ecume et bout contre le sable... Mais ta douleur, cœur trop sensible, La penses-tu donc abolir ? Tu maniais ce décor tendre Et banal d’un jardin public Avec ses feuilles sur le lac Et tu t’enivrais à le teindre. Puis tu vis tes couleurs s’éteindre ; Tu perds courage chaque jour ; Quand te verrai-je t’assagir Et dans le calme enfin t’étendre ?