15 L’ŒUF DUR S messe, quoi qu’il t’en coûte. Crois ou ne crois pas, mais sois bonne catholique. — Je serai bonne catholique, consentit Anna. — Oui, mais ne va pas trop loin ; ne donne pas trop pour ta paroisse ; ne te mets pas à entretenir les prêtres. Autre chose, ma fille : demeure honnête : tu t’en trouveras bien sous tous les rapports ; et surtout, aie l’air honnête. Si tu prêtes à la médisance, tu seras aussi coupable que si tu tombais. D’ailleurs tu en reviendras. On parle beaucoup de l’amour : il n’y a pas de quoi. Et je ne comprends pas que des femmes fassent des bêtises pour ce motif là ». Anna baissa les yeux. — « Ma fille, poursuivit M mc Walter, tu as tout un passé de. vertu derrière toi : celle de tes ancêtres et celle de ta mère. Fais comme je t’ai dit, et tu seras, comme moi, une honnête femme. » M me Walter baisa Anna au front, renifla et sortit. — « Honnête femme, cria Anna : Ah ! la la ! — Respectable, respectée, et ma mère ! » Elle déchira son mouchoir et se campa devant une M me Walter imaginaire : — « Oui, regarde-moi. Je suis assez dénaturée pour m’arracher à l’influence bienfaisante de la famille. Cette vertu-là, c’est une vertu de... » Elle n’acheva pas. Elle avait les larmes aux yeux.